Publicité

Les écologistes rejettent le "chantage" au FN du PS

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Les écologistes entendent maintenir leur stratégie indépendante pour les élections régionales de décembre et ne pas céder à ce qu'ils considèrent comme un "chantage" du Parti socialiste au pouvoir, a déclaré lundi à Reuters un de leurs dirigeants. Les militants écologistes du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, région où le Front national de Marine Le Pen pourrait l'emporter, ont décidé dimanche de s'allier au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, pourfendeur du gouvernement socialiste. Une décision dénoncée par le PS, menacé d'une nouvelle déroute électorale à 18 mois de la présidentielle de 2017. "Ce n'est pas un choix pour la région et l'écologie, encore moins pour battre Marine Le Pen", accuse le premier secrétaire du PS, dans une interview publiée par Libération. "Il s'agit juste de promouvoir une nouvelle radicalité avec Jean-Luc Mélenchon. Ce vote va aggraver la crise (à EELV)", ajoute Jean-Christophe Cambadélis, qui a adressé lundi une "lettre ouverte à la gauche et aux écologistes". Il brandit dans celle-ci le spectre d'une large victoire du "bloc réactionnaire" mêlant "droite en voie d'extrémisation" et "extrême droite en voie de banalisation", dont la division de la gauche fait selon lui le lit. "La seule proposition que nous fait le PS, c'est de venir perdre avec lui en bon ordre", riposte David Cormand, secrétaire national adjoint d'EELV délégué aux élections. "Nous n'avons pas vocation à accompagner cette débâcle-là. Il faut au contraire proposer autre chose et nous résisterons à ce chantage." NÉGOCIATIONS Partout sauf à La Réunion, EELV a fait "le choix stratégique de l'indépendance par rapport au PS", rappelle-t-il. Pour le reste, les décisions, notamment en matière d'alliance, sont prises à l'échelon de chaque région selon la situation locale. "Nous ne sommes pas dans une logique d'appareils", souligne David Cormand. "Nous ne voulons pas que les dynamiques locales soient handicapées par une intervention nationale." Outre le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les militants EELV de Rhône-Alpes-Auvergne ont conclu un accord avec le Parti de gauche et Ensemble, deux composantes du Front de gauche. Des négociations sont "en bonne voie" en Midi-Pyrénées-Languedoc, où le rassemblement sur un projet commun engloberait le Parti communiste, autre composante du Front de gauche. Elles pourraient se conclure dans la semaine, selon David Cormand. D'autres sont en cours en Provence-Alpes-Côte d'Azur, où elles pourraient déboucher avant la fin du mois, et dans "deux ou trois autres régions", ajoute le dirigeant écologiste. Le Parti de gauche fait état de discussions en Bourgogne-Franche Comté, Bretagne, Pays-de-la-Loire, dans le Centre, ainsi qu'en Ile-de-France, où la dirigeante d'EELV Emmanuelle Cosse ne souhaite cependant pas faire alliance avec d'autres formations. Hors Midi-Pyrénées-Languedoc, le PC s'est montré jusqu'ici beaucoup plus réticent à entrer dans une stratégie d'alliance avec EELV, dans laquelle il craint d'être "à la remorque". "CLARIFICATION" Qu'une alliance soit ou non envisagée avec d'autres partis, "l'idée est toujours la même", explique David Cormand : "C'est proposer une alternative à l'extrême droite et à la droite mais aussi au PS, parce que nous avons fait le constat qu'il n'était plus en mesure de gagner des élections." "En Midi-Pyrénées, PACA, Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou Rhônes-Alpes, je pense qu'il y a des coups sérieux à jouer", ajoute-t-il. La différence avec Jean-Luc Mélenchon et le Parti de gauche, souligne-t-il cependant, c'est que les écologistes ne font pas de "l'effondrement du PS" un "préalable". Il admet qu'EELV est affecté par la "décomposition politique" qui touche les principaux partis français. Deux de ses élus, le député François de Rugy et le sénateur Jean-Vincent Placé, en ont récemment claqué la porte, de même, ce week-end, que sa trésorière, Marie-Pierre Bresson, et un autre cadre, Christophe Rossignol. Ils dénoncent une "dérive gauchiste" et des "choix irresponsables et destructeurs". David Cormand rejette l'accusation de "mélenchonisation" et salue en revanche une "clarification politique". "Certains de nos amis raisonnent encore dans les clivages des anciens partis et se positionnent par rapport à l'échéance de 2017", dit-il. "Ceux qui partent le font (...) parce qu'ils choisissent (l'actuel chef de l'Etat) François Hollande." "Mais il y a aussi des recompositions à l'oeuvre qui sont porteuses d'espoir", ajoute-t-il. (Edité par Yves Clarisse)