Les USA reprendront leurs armes aux Kurdes après Rakka

ANKARA (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a assuré à son homologue turc que les armes sophistiquées fournies aux miliciens kurdes de Syrie pour l'offensive contre Rakka leur seraient reprises une fois que le groupe Etat islamique (EI) aura été défait, a-t-on déclaré jeudi de sources turques. Dans une lettre adressée au ministre turc de la Défense, Fikri Isik, James Mattis s'engage à prévenir à l'avance Ankara des livraisons d'armes américaines aux Unités de protection du peuple (YPG) kurdes et à en fournir un relevé mensuel, dit-on de mêmes sources. La Turquie s'est vivement opposée à l'armement des YPG, principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui mènent l'offensive contre l'EI à Rakka, car elle y voit une émanation des rebelles séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu'elle combat dans le Sud-Est turc. Mais les Etats-Unis sont parvenus à la conclusion que les FDS sont la seule force sur laquelle ils peuvent s'appuyer pour lutter sur le terrain syrien contre les djihadistes de l'EI et ont annoncé après l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, début janvier, une accélération quantitative et qualitative des livraisons d'armes aux miliciens kurdes. Selon les sources turques, James Mattis s'est néanmoins engagé à tenir compte des inquiétudes de la Turquie pour sa sécurité. Le chef du Pentagone a aussi promis que 80% des combattants qui reprendraient Rakka seraient arabes. La ville, capitale de fait de l'EI en Syrie, n'est pas située en territoire kurde. La Turquie est intervenue militairement dans le nord de la Syrie l'an dernier après la prise par les YPG d'une autre ville majoritairement arabe tenue par l'EI, Manbij, pour empêcher les Kurdes d'établir une continuité territoriale entre les zones qu'ils contrôlent au nord-est et au nord-ouest de la Syrie, le long de la frontière turque. Des groupes rebelles syriens soutenus par Ankara ont depuis repris Al Bab, principal bastion djihadiste au nord-est d'Alep, mais ils n'ont pas pu marcher par la suite sur Rakka comme l'espérait le président turc Recep Tayyip Erdogan en raison de la présence conjuguée sur leur route des FDS soutenues par les Etats-Unis et de l'armée syrienne appuyée par la Russie. (Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu; Tangi Salaün pour le service français)