Les USA "inquiets" des "défauts" de la présidentielle au Nicaragua

WASHINGTON/MANAGUA (Reuters) - Les Etats-Unis ont fait part lundi de leur préoccupation au lendemain de l'élection présidentielle au Nicaragua remportée pour la troisième fois par Daniel Ortega. L'ancien guérillero marxiste, 70 ans, qui se présentait avec sa femme, Rosario Murillo comme vice-présidente, a remporté 72,5% des suffrages après dépouillement de la quasi-totalité des bureaux de vote. Les relations entre Daniel Ortega et Barack Obama sont relativement cordiales. Le président nicaraguayen a toutefois accusé Washington d'"ingérence" en septembre après le vote par le Congrès de la loi Nica, qui lie les aides financières des Etats-unis au Nicaragua aux progrès en matière de démocratie et de lutte contre la corruption. "Les Etats-Unis sont profondément inquiets par les défauts du processus présidentiel et législatif, ce qui a empêché la possibilité d'une élection libre et juste (dimanche)", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Mark Toner. Dans le communiqué diffusé par ses services, il accuse le gouvernement Ortega d'avoir écarté les candidats de l'opposition et d'avoir limité la surveillance des bureaux de vote, et de ne pas avoir invité d'observateurs internationaux. "Nous continuons à demander au gouvernement nicaraguayen de respecter les pratiques démocratiques et notamment la liberté de la presse et les droits de l'homme universels au Nicaragua", a déclaré Mark Toner. Les critiques du gouvernement américain reflètent les relations houleuses qu'entretiennent les deux pays depuis des décennies. Daniel Ortega, qui a fait la guerre aux rebelles soutenus par les Etats-Unis, a dénoncé les années d'ingérence américaine quand il a mis son bulletin dans l'urne dimanche soir. "Maintenant, c'est nous, les Nicaraguayens, qui décidons parce que nous n'avons plus un seul général yankee ici", a déclaré le chef de l'Etat sortant. "Ce sont nous, les Nicaraguayens, qui comptons les voix. C'est une démocratie souveraine." (Lesley Wroughton à Washington et Enrique Pretel et Alexandra Alper à Managua; Danielle Rouquié pour le service français)