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Les USA démentent faire trop de concessions aux Iraniens

par Louis Charbonneau, John Irish et Arshad Mohammed VIENNE (Reuters) - Les Etats-Unis ont réfuté lundi la thèse selon laquelle les puissances négociant un accord nucléaire avec l'Iran accepteraient trop de compromis pour aboutir coûte que coûte à une solution. Les discussions, qui se poursuivent à Vienne, étaient censées s'achever ce mardi, mais la date butoir que s'étaient fixée les pays du P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, + Allemagne) ne sera pas tenue et les négociations se poursuivront au-delà. L'objectif, dans la foulée de l'accord cadre trouvé début avril à Lausanne, est de parvenir à un accord complet qui ouvrira la voie à une levée des sanctions imposées à l'Iran en échange de la suspension pour au moins dix ans de ses activités nucléaires les plus sensibles. Dans cette crise en cours depuis treize ans, les Occidentaux soupçonnent la république islamique de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme que Téhéran présente comme exclusivement dédié aux aspects civils de l'atome. Alors que les négociateurs se sont lancés dans la dernière ligne droite de ce long processus, des voix, au premier rang desquelles celles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, se sont élevées pour accuser le P5+1 d'accepter trop de compromis et de reculer sur des points cruciaux de la négociation. "Nous assistons, devant nos propres yeux, à un repli flagrant loin des lignes rouges que les puissances mondiales s'étaient fixées elles-mêmes récemment encore et publiquement", a dénoncé le chef du gouvernement israélien. "Il n'y a aucune raison de se hâter à signer ce mauvais accord, qui empire de jour en jour", a-t-il poursuivi. S'exprimant sous couvert d'anonymat, un membre de la délégation américaine a rétorqué que les Etats-Unis n'avaient pas consacré tant de temps à ces négociations pour céder au final. "C'est vraiment absurde", a-t-il dit. "Si nous devions céder, je pourrais déjà être rentré chez moi et j'en serais vraiment très heureux (...) Pourquoi passerions-nous des heures à négocier ainsi si au final, nous devions dire aux Iraniens: 'Vous aurez tout ce que vous voudrez.'" Quant aux perspectives d'un accord, poursuit ce responsable américain, "nous ne savons toujours pas si nous serons en mesure d'y parvenir". "Nous le voulons, nous l'espérons, mais nous n'en savons rien", a-t-il insisté. LEVÉE DES SANCTIONS ET PROCÉDURES DE VÉRIFICATION Les principales divergences portent sur le rythme et le calendrier de la levée des sanctions et sur la nature des mécanisme de contrôle et de surveillance à même de garantir que Téhéran respectera ses engagements. L'insistance des Occidentaux pour que les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) puissent accéder aux sites militaires iraniens et aux scientifiques concernés par le programme est à l'origine d'un des principaux points de blocage de la négociation avec l'Iran. Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui est rentré dimanche à Téhéran pour des consultations, est attendu ce mardi matin à Vienne, a-t-on appris de source iranienne. Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, se joindra "bientôt" aux négociations de Vienne, a poursuivi cette source. "Les discussions sont intensives et dureront possiblement jusqu'en juillet, mais seulement quelques jours de plus", a-t-elle dit. A New York pour une réunion de l'Assemblée générale des Nations unies sur le climat, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a noté lundi: "Nous avons fait des progrès mais nous ne sommes pas au bout du processus." Le chef de la diplomatie française, qui était ce week-end à Vienne, sera lui aussi de retour rapidement dans la capitale autrichienne, dès ce mardi, selon son agenda. (avec Parisa Hafezi; Henri-Pierre André pour le service français)