Les Tamouls encore victimes de tortures au Sri Lanka

LONDRES (Thomson Reuters Foundation) - Six ans après la fin de la guerre civile au Sri Lanka, la police et l'armée continuent de soumettre à des actes de torture des membres de la minorité tamoule du pays, dit une organisation humanitaire britannique spécialisée dans l'aide aux victimes de la torture. Dans un rapport publié jeudi, Freedom from Torture précise qu'en 2014, pour la troisième année consécutive, le Sri Lanka a été le premier pays d'origine des personnes auxquelles elle est venue en aide. Publié quelques jours avant des élections législatives qui pourraient permettre à l'ex-président Mahinda Rajapaksa de revenir au pouvoir, ce rapport s'appuie sur les dossiers médicaux de 148 survivants d'actes de tortures, dont 94% sont tamouls. Sept mois après sa défaite à la présidentielle, Mahinda Rajapaksa, qui dirigeait le pays pendant la guerre civile, espère remporter les législatives de lundi face à la coalition réformiste au pouvoir, soutenue par les minorités tamoule et musulmane, ce qui lui permettrait de prétendre au poste de Premier ministre. Interrogé jeudi par rapport à propos du rapport de Freedom from Torture, le Premier ministre sortant, Ranil Wikremesinghe, a déclaré à Reuters que "tout cela sera abordé une fois que le rapport final de la commission des droits de l'homme de l'Onu sera disponible". Il faisait référence à l'enquête ouverte par les Nations unies sur les atrocités commises pendant la guerre civile, dont la publication ne doit avoir lieu qu'après les législatives. Selon Freedom from Torture, toutes les victimes recensées, torturées entre 2009 et 2013, ont été battues et près de 80% d'entre elles ont été brûlées, avec des cigarettes ou des morceaux de métal chauffés; 71% ont subi des violences sexuelles, certaines ont été soumises à des simulations de noyade ("waterboarding") ou à des fumées asphyxiantes, ajoute le rapport. "Même si la guerre civile a pris fin en mai 2009, la torture a persisté au Sri Lanka chaque année depuis, et jusqu'à aujourd'hui", a déclaré Sonya Sceats, directrice de Freedom from Torture, à la Thomson Reuters Foundation. Plus d'un tiers des cas de torture recensés concernent des personnes revenues au Sri Lanka depuis la fin de la guerre après avoir vécu en Grande-Bretagne, a-t-elle précisé. Elu en 2005 à la présidence du pays, Mahinda Rajapaksa a écrasé en 2009 les séparatistes tamouls, en rébellion armée contre le pouvoir Colombo depuis 26 ans. Il a été battu en janvier par Maithripala Sirinesa. (Katie Nguyen, Marc Angrand pour le service français)