Les taliban pakistanais ne prolongent pas la trêve

par Jibran Ahmad PESHAWAR Pakistan (Reuters) - Les taliban pakistanais ont décidé de ne pas prolonger le cessez-le-feu en vigueur durant le mois de mars mais sont disposés à poursuivre des pourparlers de paix avec le gouvernement, a déclaré mercredi un porte-parole du mouvement islamiste. Aucun responsable gouvernemental n'a pu être joint dans l'immédiat pour savoir si ces discussions allaient continuer. Les taliban et le gouvernement pakistanais sont engagés dans un deuxième cycle de pourparlers. Une première série de contacts a échoué en février après que les taliban eurent commis un attentat à la bombe contre un autocar de police et exécuté 23 membres d'une force paramilitaire enlevés au préalable. Islamabad a alors refusé toute discussion jusqu'à la proclamation d'un cessez-le-feu par les taliban le 1er mars. D'après Shahidullah Shahid, porte-parole du mouvement islamiste, certains de ses chefs ont refusé de prolonger le cessez-le-feu. Les taliban ont exigé la libération de 800 prisonniers décrits comme de simples innocents et le retrait de l'armée de certains secteurs des zones tribales semi-autonomes le long de la frontière avec le Pakistan. "Nous avons soumis cette liste et les noms de nos prisonniers civils en considérant qu'il s'agissait d'un test car nous voulions voir si le gouvernement était sincère", a dit un commandant rebelle. "Mais nous avons eu le sentiment que le gouvernement était soit impuissant soit insincère dans les discussions." Responsable politique conservateur sur le plan religieux, Ibrahim Khan, qui représente les taliban dans ces pourparlers, dit avoir présenté ces revendications le 29 mars mais ne pas avoir obtenu de réponse du gouvernement. Il ignore si les discussions vont pouvoir continuer sans un cessez-le-feu. Omar Khalif Khurasani, commandant taliban dans la région septentrionale de Mohmand, a prédit que les attaques allaient reprendre au Pakistan. "Il va y avoir davantage d'attaques dans lesquelles les gens ordinaires vont souffrir car le gouvernement n'est pas sincère dans les pourparlers", a-t-il dit à Reuters. La trêve n'a pas complètement mis fin aux violences en mars. Un groupe disant s'appeler Ahrar-ul-Hind a ainsi tué 11 personnes, dont un juge, dans un tribunal d'Islamabad alors que les attaques sont plutôt rares dans la capitale. Les taliban ont déclaré qu'ils n'étaient pas responsables des actes d'autres organisations. (avec Saud Mehsud à Karachi et Mehreen Zahra-Malik à Islamabad; Bertrand Boucey pour le service français)