Les taliban afghans refusent d'aller négocier en Arabie saoudite
PESHAWAR, Pakistan (Reuters) - Les taliban afghans ont renoncé à se rendre ce mois-ci en Arabie saoudite pour de nouvelles discussions avec des émissaires américains en raison de la volonté manifestée par Ryad d'intégrer aux pourparlers des représentants de Kaboul.
Les insurgés islamistes réclament que cette quatrième série de discussions avec l'envoyé spécial américain Zalmay Khalilzad se déroule au Qatar, où les taliban disposent d'une représentation politique.
Les négociations portent sur le retrait des forces étrangères en Afghanistan et un éventuel cessez-le-feu en 2019.
"Nous étions censés rencontrer des responsables américains la semaine prochaine à Ryad pour poursuivre notre processus de paix qui est resté inachevé le mois dernier à Abou Dhabi", a déclaré dimanche à Reuters un haut responsable du mouvement.
"Le problème est que les dirigeants d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis insistent pour que nous rencontrions une délégation du gouvernement afghan, ce que nous ne pouvons accepter pour le moment. Nous avons donc annulé la rencontre en Arabie saoudite", a-t-il expliqué.
Cette annulation a été confirmée par le porte-parole des insurgés Zabihullah Mujahid. Aucune confirmation n'a pu être obtenue auprès de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul.
"Tout le monde sait que le gouvernement afghan ne veut pas que les Etats-Unis et leurs alliés quittent l'Afghanistan", a expliqué un autre haut responsable des taliban.
"Nous avons payé un lourd tribut pour chasser toutes les forces étrangères de notre pays. Pourquoi devrions-nous parler au gouvernement afghan ?", a-t-il ajouté.
Les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit se sont intensifiés depuis la nomination de Khalilzad, qui est d'origine afghane, comme envoyé spécial pour l'Afghanistan en septembre dernier. L'émissaire américain a rencontré les taliban à trois reprises, la dernière le 17 décembre aux Emirats arabes unis.
Après plus de dix-sept ans de guerre, la Maison blanche envisage de rapatrier au moins 5.000 des 14.000 militaires américains qui se trouvent actuellement en Afghanistan, dans le cadre de l'opération de l'Otan "Resolute Support" et d'une mission antiterroriste principalement dirigée contre les djihadistes de l'Etat islamique et d'Al Qaïda.
(Rupam Jain; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)