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Les syndicats de gardiens de prison appellent au blocage

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Les trois syndicats de gardiens de prison ont rejeté samedi les propositions de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) pour améliorer les conditions de travail et la sécurité des surveillants de prison en France et ont appelé à de nouveaux débrayages.

La CGT Pénitentiaire et l'Ufap-Unsa Justice, qui avaient soumis à leurs adhérents le projet de relevé de conclusions élaboré vendredi soir à la suite de discussions avec la DAP, ont tous les deux annoncé qu'ils ne signeraient pas le document.

Les propositions prévoyaient des moyens humains et en formation supplémentaires, ainsi qu'en matériel, notamment en matière d'équipements de sécurité.

"Les éléments qui composent ce projet de texte soumis à ratification sont bien en deçà des attentes des collègues mobilisés", a fait savoir CGT Pénitentiaire par communiqué.

"La décision de nos syndiqués est: la CGT Pénitentiaire ne signera pas le relevé de conclusion proposé par le ministère".

Même chose du côté de l'Ufap-Unsa Justice. "La différence entre hier soir et aujourd’hui est notable ! En effet, le cadre change et le conflit doit se durcir inévitablement !", a écrit le syndicat par communiqué.

SNP-FO, qui n'a pas pris part aux discussions avec la DAP, avait qualifié cet accord de "fumisterie", précisant qu'il n'empêcherait pas "les agressions violentes subies par les personnels à court et moyen terme".

Les trois ont donc appelé à "un blocage total" des établissements à partir de lundi.

DEMANDE DE SÉCURITÉ

Pour le ministère de la Justice, le projet de relevé de conclusions répondait "à la demande de sécurité des surveillants".

Ce document de cinq pages prévoyait la création de 1.100 postes de surveillants en quatre ans, dont 100 cette année.

Il portait également sur la définition d'un nouveau régime de détention pour les détenus radicalisés et condamnés ou poursuivis pour faits de terrorisme islamiste.

Il s'agissait d'assurer "une étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux", lisait-on dans ce document qui visait au doublement, d'ici fin 2018, des capacités d'évaluation de ces prisonniers dans des quartiers spécifiques.

Le projet d'accord proposait également un renforcement de la prise en charge des détenus violents autres que ces prisonniers et comprenait tout un volet sur la reconnaissance des métiers du monde pénitentiaire.

Le texte prévoyait enfin que le renforcement des moyens matériels serait discuté avec les signataires d'ici le 30 avril et ferait l'objet d'une circulaire applicable au plus tard le 1er juillet prochain.

Une grande partie des 188 établissements pénitentiaires français ont été perturbés cette semaine par des blocages et des retards de prise de service des gardiens.

Ce mouvement a été déclenché par l'agression à l'arme blanche de trois surveillants et d'un gradé de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 11 janvier, par un détenu allemand converti à l'islam, Christian Ganczarski, condamné à 18 ans de prison pour complicité dans l'attentat de 2002 contre une synagogue de Djerba, en Tunisie.

Depuis lors, plusieurs autres agressions de surveillants ont été commises par des détenus radicalisés.

(avec Caroline Pailliez, édité par Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse)