Les syndicats en ordre dispersé sur les seuils sociaux

Les syndicats français iront en ordre dispersé à la négociation sur la réforme des seuils sociaux voulue par le gouvernement et le patronat qui s'ouvrira cet automne, la CFDT étant à ce jour isolée lorsqu'elle estime que le sujet n'est pas tabou. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Les syndicats français iront en ordre dispersé à la négociation sur la réforme des seuils sociaux voulue par le gouvernement et le patronat qui s'ouvrira cet automne, la CFDT étant à ce jour isolée lorsqu'elle estime que le sujet n'est pas tabou. Le gouvernement français s'est dit mercredi dernier "convaincu" de pouvoir réformer ces seuils de salariés au-delà desquels les entreprises se voient imposer des contraintes, notamment en matière de représentation du personnel. "Le gouvernement est convaincu que cette négociation peut aboutir dans la lignée des accords nationaux interprofessionnels sur la sécurisation de l’emploi et sur la formation professionnelle", pouvait-on lire dans le compte rendu du conseil des ministres. La réussite de ces deux dernières réformes avait permis à François Hollande de revendiquer un succès sur le front du dialogue social mais les tensions sur la négociation des contreparties aux baisses de charges du pacte de responsabilité ont depuis contribué à dégrader le climat social. Le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a rencontré vendredi les dirigeants de la CFDT et de Force ouvrière avant de voir mardi celui de la CGT, notamment pour préparer la négociation sur la modernisation du dialogue social en entreprise qui aura lieu à l'automne. Mais la CGT et Force Ouvrière, appuyés en cela par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ont refusé par avance toute modification des seuils sociaux jugés trop rigides par le patronat et des économistes, qui les accusent de freiner le développement des entreprises et les embauches. RIEN À NÉGOCIER POUR FO ET LA CGT "Nous ne négocierons rien sur les seuils sociaux", dit le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, dans une interview publiée dimanche sur le site internet de L'Opinion. Il n'attend d'une réforme aucune création d'emploi, citant l'Allemagne, où un délégué du personnel est nommé à partir de cinq salariés et un comité d'entreprise créé à partir de 10. En France, ces seuils sont respectivement de 11 et de 50 salariés, avec d'autres contraintes dès que la barre des 10, 20 et 25 est passée. Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, est sur la même longueur d'ondes. "Négocier sur les seuils sociaux, ça va être coton! Nous ne sommes pas prêts à bouger", a-t-il dit dans une interview publiée par L'Express la semaine dernière. Comme la CGT, il refuse également le projet gouvernemental d'assouplir les conditions qui permettent le travail dominical. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui était initialement opposé à la réforme des seuils sociaux, a cependant réaffirmé lundi que le sujet n'était pas tabou. "Il n'y a pas de questions taboues , il faut qu'on sorte d'un pays ou il est interdit de penser", a-t-il dit sur Radio Classique, tout en estimant qu'il ne fallait pas avoir une "une vision mécanique des seuils sociaux, dont on sait qu'il ont un effet emploi mineur". "Si cela sert à ce que du dialogue social soit plus effectif pour tous les salariés dès les petites entreprises, on peut discuter mais ne faisons pas la conclusion de la discussion avant de l'avoir commencé", a-t-il ajouté. Vendredi, sur RMC, il avait dit son ambition que "tous les salariés, quelle que soit la taille de leur entreprise, aient la possibilité d’avoir un représentant, pas à l’intérieur de l’entreprise, mais même pour les petites entreprises, à l’extérieur". (Yves Clarisse, avec Jean-Baptiste Vey et Marion Douet)