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Les soudanais exigent un pouvoir transitoire dirigé par des civils

Les dirigeants du mouvement de contestation au Soudan ont indiqué jeudi leur intention de consulter les manifestants pour trouver un moyen de sortir de l'impasse les négociations avec l'armée sur le transfert du pouvoir aux civils. Les discussions avec l'armée, qui a pris le pouvoir après avoir écarté le président Omar el-Béchir le 11 avril, ont été suspendues lundi en raison de désaccords sur la composition du futur Conseil souverain, qui doit être mis en place pour gérer la transition, et sur la personne --un civil ou un militaire-- qui doit en prendre la tête. L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a annoncé le lancement d'une campagne pour inciter les manifestants --ceux rassemblés depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum mais aussi ceux d'autres villes-- à l'aider à trouver une solution pour débloquer la situation. "Nous leur donnerons toutes les informations, nous écouterons leur point de vue et (serons attentifs) à la manière dont ils souhaitent faire avancer la révolution", a précisé l'ALC dans un communiqué. Les généraux à la tête du pays ont jusqu'ici refusé les demandes de la contestation pour un transfert du pouvoir aux civils et insistent pour que l'un des leurs prenne la tête du Conseil souverain, censé diriger le pays pendant trois ans. "Nous n'avons qu'un seul point à régler avec le Conseil militaire de transition: la composition du nouveau Conseil souverain sur lequel nous nous sommes mis d'accord", a ajouté l'ALC. Plusieurs cycles de négociations ont échoué ces dernières semaines, chacun campant sur ses positions pour obtenir une majorité de sièges et la direction du Conseil. Le communiqué a été adressé aux milliers de protestataires qui manifestent depuis le 19 décembre 2018, date à laquelle le gouvernement a triplé le prix du pain dans un pays rongé par une crise économique. "Nous avons des alternatives (pour faire pression sur les généraux): lancer une grève générale ou un mouvement de désobéissance civile. La décision est la vôtre", a ajouté l'ALC dans son communiqué. Jeudi, des employés de plusieurs entreprises mais aussi d'institutions gouvernementales, dont la Banque centrale, se sont rassemblés spontanément à Khartoum pour soutenir le mouvement de contestation, selon des témoins. Devant l'hôpital universitaire dentaire de Khartoum, des dizaines de jeunes médecins, certains portant leur blouse blanche, ont manifesté pour réclamer la "chute du pouvoir militaire" et rappeler que la décision d'instaurer un pouvoir civil "revient au peuple". Les médecins sont une des forces motrices du mouvement de contestation. "Nous sommes sortis de l'hôpital pour faire entendre notre voix, dire que nous sommes aux côtés de la révolution depuis le début", a déclaré à l'AFP Omar Abdoun, chirurgien. "Avec cette persévérance du peuple que vous voyez, cette prise de conscience (...), je m'attends à un brillant avenir", a-t-il ajouté. "Notre but, c'est d'avoir un gouvernement civil, qui donne aux gens leurs droits à la santé, à l'éducation, à tout", a dit à l'AFP Safaa el-Zein, dentiste.