Les sites en France de Saint Louis Sucre ne seront pas cédés mais arrêtés

PARIS (Reuters) - Le groupe allemand Südzucker, numéro un du raffinage du sucre en Europe, a annoncé jeudi qu'il ne comptait pas céder à un repreneur les sites de production en France de sa marque Saint Louis Sucre qu'il veut fermer dans le cadre de son plan de restructuration.

Ce plan, annoncé en février, prévoit l'arrêt de plusieurs sucreries du groupe en Europe, dont Cagny (Calvados), qui compte 85 salariés, et Eppeville (Somme), qui emploie 132 personnes.

Südzucker avait alors dit avoir opté pour ces mesures en réaction à l'effondrement mondial des cours du sucre - tombés à un creux de 10 ans à la fin de 2018 - suite à la fin, en 2017, des quotas instaurés dans l'Union européenne.

"Saint Louis Sucre ne vendra pas ses sites de production", déclare dans un communiqué le président du directoire de Südzucker, Wolfgang Heer.

"Nous n'arrêtons pas la production de sucre pour la proposer à d'autres acteurs, mais bien pour retirer des capacités du marché", ajoute-t-il.

Le groupe allemand considère désormais que le projet de reprise des sites de Cagny et d'Eppeville ne résoudra pas le problème de surproduction. Il ajoute que la France représente un marché excédentaire et produit deux fois plus de sucre qu'elle n'en consomme.

DÉCISION UNILATÉRALE

La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), qui avait monté un projet de reprise des deux sites via une coopérative dont le capital est détenu par les planteurs avec éventuellement d'autres investisseurs, a déclaré jeudi qu'elle "ne laisserait pas Südzucker imposer des fermetures iniques et sauvages".

"Le groupe allemand s'était engagé à étudier scrupuleusement l'offre de reprise des planteurs français pour les usines de Cagny et Eppeville et de revenir vers la CGB sous trois semaines à réception de la dite offre", rappelle la confédération dans un communiqué.

"Avec ce communiqué du 23 mai, Südzucker déclare refuser unilatéralement toute offre avant même que la CGB n'ait pu la déposer. L'industriel est donc, avec ces déclarations, revenu sur sa parole augmentant encore davantage la rupture de confiance avec les planteurs français", ajoute-t-elle.

"Si Südzucker refuse de nous recevoir rapidement, nous irons alors directement partager notre analyse et présenter notre projet aux actionnaires de Südzucker le 18 juillet prochain lors de l'assemblée générale du groupe", prévient Franck Sander, président de la CGB.

Au ministère français de l'Agriculture, un porte parole a déclaré: "le ministère reste aux côtés de la filière", refusant toutefois de commenter les négociations entre Südzucker et la CGB.

(Claude Chendjou, avec Sybille de La Hamaide et Gus Trompiz, édité par Benoît Van Overstraeten)