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Les Serbes s'opposent toujours à une résolution sur Srebrenica

NATIONS UNIES (Reuters) - Le Conseil de sécurité de l'Onu a reporté d'une journée le vote initialement prévu ce mardi d'un projet de résolution condamnant le massacre de Srebrenica à l'occasion du 20e anniversaire de l'événement pour permettre à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis de convaincre la Russie de ne pas faire usage de son veto, a-t-on appris de sources diplomatiques. La délégation russe juge le texte d'inspiration britannique déséquilibré et s'oppose à ce le terme de génocide soit employé pour décrire l'exécution de 8.000 Musulmans par les forces bosno-serbes en juillet 1995 lors de la guerre de Bosnie. "Etant donné l'importance de l'anniversaire, nous sommes décidés à obtenir le soutien le plus large de la part des membres du Conseil. Nous espérons que ce report nous permettra de l'obtenir", a déclaré un représentant de la délégation britannique. Le projet suscite la colère de Belgrade et des Serbes de Bosnie qui le jugent "anti-serbe" et ont déjà adressé une lettre de protestation à l'Onu. Les autorités serbes reconnaissent qu'un "crime grave" a été commis à Srebrenica mais refusent qu'on parle de génocide. Le désaccord sur ce projet de résolution a créé une atmosphère de défiance en Bosnie où le 20e anniversaire du massacre doit être célébré samedi prochain par une cérémonie au cours de laquelle 136 corps récemment identifiés seront inhumés dans le cimetière de Srebrenica où reposent déjà 6.241 victimes. Pour le président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, l'adoption de la résolution signifiera "la désintégration de la Bosnie". Le président serbe Tomislav Nikolic a également écrit à la reine Elizabeth pour lui demander de convaincre le gouvernement de David Cameron de renoncer à son idée. Londres affirme pour sa part avoir préparé ce texte afin d'encourager la réconciliation entre Serbes, Croates et Musulmans de Bosnie. Le projet a été plusieurs fois remanié à la demande de la Russie, alliée traditionnelle de la Serbie. Le mois dernier, le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic avait annoncé son intention d'assister aux cérémonies à Srebrenica afin de "rendre hommage aux victimes musulmanes et bosniaques". Il a ensuite précisé que sa venue dépendrait de l'adoption ou non de la résolution à l'Onu. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), institué en 1993 par l'Onu, a jugé pour sa part que le massacre de Srebrenica constituait bien un génocide. (Aleksandar Vasovic et Daria Sito-Sucic, avec Michelle Nichols aux Nations unies; Guy Kerivel, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)