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Les séparatistes de Slaviansk prêts à échanger les observateurs

Pro-russe près du bâtiment abritant la sécurité d'Etat à Slaviansk. Les séparatistes pro-Russes qui détiennent huit observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, se sont dit prêts samedi à négocier un échange. /Photo prise le 25 avril 2014/REUTERS/Gleb Garanich

SLAVIANSK Ukraine (Reuters) - Les séparatistes pro-Russes qui détiennent huit observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, se sont dit prêts samedi à négocier un échange. "La junte au pouvoir à Kiev détient nos camarades, par conséquent, si c'est possible, nous sommes prêts à un échange", a déclaré à la presse Viatcheslav Ponomariov, maire de facto de la ville. "Ce sont des soldats qui se trouvaient sur notre territoire sans notre permission, ils sont naturellement prisonniers", a-t-il dit des observateurs capturés vendredi. Il a précisé que ses hommes tentaient de déterminer qui ils sont, quelles étaient les activités qu'ils menaient et pour quelles raisons ils se sont rendus à Slaviansk. Il a ajouté qu'il était disposé à s'entretenir avec l'équipe de négociateurs de l'OSCE en route pour Slaviansk. "Les prisonniers sont depuis toujours des monnaies d'échange en temps de guerre. C'est une pratique internationale", a noté Ponomariov. L'OSCE a annoncé de son côté qu'elle était en contact avec "toutes les parties" concernées depuis que les huit observateurs - quatre Allemands, un Tchèque, un Danois, un Suédois et un Polonais - ont été capturés. Mais une porte-parole de l'organisation a précisé qu'aucun contact direct n'avait pu être établi avec eux. A Berlin, le gouvernement allemand a réclamé que tout soit entrepris pour obtenir leur libération. "J'appelle toutes les personnes qui ont des responsabilités et une influence en Ukraine et en Russie à tout faire et à user de toute leur influence, et ce de toute urgence, pour faire en sorte que les observateurs soient libérés immédiatement et en bonne santé", a déclaré la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. Frank-Walter Steinmeier, son collègue aux Affaires étrangères, a salué de son côté les offres de service de la Russie. Le chef de la diplomatie allemande a précisé s'être entretenu par téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Il a également eu le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et le président en exercice de l'OSCE, le Suisse Didier Burkhalter. "Je me félicite vivement que tous les trois aient promis leur aide", a-t-il dit à la presse. La Russie, qui fait partie de l'OSCE, s'est dite prête à agir dans ce dossier mais n'a pas fourni de précisions sur ce qu'elle comptait faire. "Nous pensons que ces personnes doivent être libérées le plus rapidement possible", a dit Andreï Keline, représentant de Moscou auprès de l'OSCE, cité samedi par l'agence de presse Itar-Tass. "La Russie en tant que membre de l'OSCE va prendre toutes les mesures possibles à ce sujet", a-t-il ajouté. "CONDITIONS INHUMAINES" Les huit observateurs, accompagnés d'officiers ukrainiens, ont été capturés alors qu'ils circulaient en car dans les rues de Slaviansk, place forte des miliciens pro-russes. Selon les services de sécurité ukrainiens (SBU), ils sont détenus dans "des conditions inhumaines au sous-sol du quartier-général des terroristes" - l'appellation utilisée par Kiev pour désigner les séparatistes - et l'un d'eux nécessite des soins médicaux d'urgence. A Slaviansk, Viatcheslav Ponomariov a affirmé au contraire qu'ils allaient bien et qu'ils étaient bien traités. "L'un des soldats souffre de diabète, mais son état n'est pas grave, il a des médicaments", a-t-il dit. Leur arrestation, toujours selon le SBU, aurait été planifiée et coordonnée par un ressortissant russe appartenant aux services spéciaux russes, une version que Moscou dément. "Les terroristes envisagent d'utiliser leurs otages comme boucliers humains", indique le SBU. A l'inverse, la diplomatie russe impute cet enlèvement aux autorités de Kiev qui, d'après elle, n'ont pas réussi à assurer la sécurité de la mission dans une région qui échappe à leur contrôle. Les séparatistes ont invité des journalistes de médias russes à l'intérieur du bâtiment où sont retenus les observateurs. Ils ont montré des insignes et des cartes d'identification militaires prouvant, selon eux, que des espions se trouvent parmi le groupe. Slaviansk, une ville de 130.000 habitants, est soumise à un blocus des forces de sécurités qui ont lancé une opération qualifiée d'"antiterroriste". (Thomas Grove avec Pavel Polityuk à Kiev, Jason Bush à Moscou, Sabine Siebold à Berlin; Simon Carraud et Henri-Pierre André pour le service français)