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Les rebelles syriens assoient leurs positions dans le Nord-Ouest

BEYROUTH (Reuters) - Les rebelles syriens renforcent leurs positions dans le nord-ouest du pays, dans les gouvernorats d'Idlib et de Hama où les forces syriennes et leurs alliés sont passés à l'offensive avec l'appui de l'aviation russe. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des combattants et des armes, dont des quantités significatives de missiles antichar, y sont acheminés par les insurgés. Ces renforts sont notamment destinés au secteur de Kfar Nabouda, une ville de la province de Hama que les forces gouvernementales syriennes disent avoir reprise lundi. Selon l'OSDH, des combats étaient toujours en cours mardi dans le secteur et au moins 25 combattants ont péri dans les rangs des forces pro-Assad. "Ces renforts ont empêché le régime de prendre Kfar Nabouda", a déclaré mardi le directeur de l'OSDH, Rami Abdoulrahmane, précisant que la plupart des combattants rebelles envoyés dans le secteur proviennent de groupes djihadistes. Un ancien colonel transfuge de l'armée syrienne a confirmé que des groupes rebelles opérant sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL), soutenue par les Occidentaux, avaient déployé des missiles antichars à guidage laser TOW sur la ligne de front qui s'étend de Kfar Nabouda à Maan, à une trentaine de kilomètres à l'est. Farès al Bayouch, qui dirige aujourd'hui le groupe armé Fursan al Haq, a précisé que l'objectif était de stopper l'avancée des forces gouvernementales vers Khan Chaykhoun, tenue par les rebelles sur l'axe Hama-Alep. "Des plates-formes de lancement de missiles TOW ont été déployées sur toute la ligne de front", a poursuivi Bayouch. Plusieurs Etats étrangers hostiles à Assad ont livré à certains groupes rebelles ces armes de haute précision via la Turquie. Selon Ibrahim al Idlibi, un activiste qui assure les relations avec la presse de plusieurs groupes liés à l'ASL, des dizaines de chars et véhicules blindés syriens ont été détruits par de tels missiles ces derniers jours. Appuyée par l'aviation russe, l'offensive lancée par les forces syriennes avec leurs alliés du Hezbollah libanais et des soldats iraniens vise à repousser les insurgés de cette région stratégique qui jouxte le "réduit alaouite". Pour cela, Damas veut progresser dans un premier temps vers le gouvernorat d'Idlib, pris cette année par des rebelles, notamment les islamistes du Front al Nosra et d'Ahrar al Cham. D'après des sources au fait des développements politiques et militaires, le Hezbollah a redéployé sur ce front la totalité de ses combattants présents en Syrie. Les rebelles syriens espèrent recevoir de nouvelles armes en provenance de pays arabes, notamment d'Arabie saoudite. Le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al Djoubeir, a réaffirmé mardi qu'il n'y avait aucun avenir pour Assad en Syrie. "Depuis le début de la crise la position saoudienne n'a pas changé: le problème, c'est Bachar qui a tué des centaines de milliers de Syriens, chassé des millions de gens de chez eux et détruit son pays", a-t-il dit. "Pour lui, il n'y a aucun avenir en Syrie." Le ministre saoudien d'exprimait lors d'une conférence de presse avec son homologue français Laurent Fabius. Celui-ci a exhorté la Russie à user de son influence sur Damas pour que le gouvernement syrien n'utilise plus de barils d'explosifs contre les insurgés. (Tom Perry; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)