Les rebelles Rohingya prêts à répondre à tout geste d'apaisement

par Robert Birsel RANGOUN (Reuters) - A deux jours de la fin d'une trêve qu'il a unilatéralement proclamée il y a un mois, le principal groupe rebelle de la minorité musulmane Rohingya s'est déclaré prêt samedi à répondre à tout geste d'apaisement du gouvernement birman. L'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ARSA) n'a pas dit quelle action elle comptait entreprendre lorsque le cessez-le-feu qu'elle a décrété le 10 septembre dernier expirera lundi à minuit, mais elle a averti qu'elle restait "déterminée à faire cesser la tyrannie et l'oppression" exercées contre son peuple. "Si, à tout moment, le gouvernement birman est enclin à la paix, l'ARSA (...) rendra la pareille", a assuré le groupe armé dans un communiqué. Les porte-parole du gouvernement birman n'ont pas commenté ces déclarations dans l'immédiat. A l'annonce du cessez-le-feu il y a près d'un mois, l'un d'entre eux avait affirmé: "Nous n'avons pas pour politique de négocier avec des terroristes." Les rebelles de l'ARSA ont lancé une série d'attaques coordonnées contre une trentaine de postes de police et un camp militaire le 25 août dernier avec l'aide de centaines de villageois armés de bâtons ou de machettes. Une douzaine de personnes ont été tuées par les assaillants. En représailles, l'armée a lancé une vaste campagne de répression dans le nord de l'Etat d'Arakan, dans l'ouest de la Birmanie. Plus de 500.000 Rohingya ont trouvé refuge au Bangladesh voisin. Les Nations unies ont dénoncé une opération de nettoyage ethnique. La Birmanie rejette cette accusation. Selon elle, plus de 500 personnes ont trouvé la mort dans des combats depuis la fin août, des "terroristes" pour la plupart qui avaient selon elle attaqué des civils et incendié des villages. DÉPEUPLEMENT On ignore la capacité de l'ARSA, groupe apparu en octobre 2016, à défier l'armée birmane. Elle ne semble en tout cas pas avoir été en mesure de résister à l'offensive militaire des dernières semaines. Les observateurs se demandent comment les insurgés peuvent opérer dans des zones où l'armée a chassé la population civile, privant les rebelles de recrues, de vivres, d'argent et de renseignements. L'ARSA accuse le gouvernement de Naypyidaw d'utiliser le meurtre, l'incendie et le viol comme "outils de dépeuplement". Elle dément par ailleurs tout lien avec des organisations islamistes étrangères. Dans une interview à Reuters en mars dernier, le chef de l'ARSA, Ata Ullah, expliquait que le mouvement s'était créé en réaction aux violences entre bouddhistes et musulmans qui ont éclaté en 2012 dans l'Etat d'Arakan, faisant près de 200 morts et 140.000 déplacés, majoritairement Rohingya. Le groupe dit combattre pour faire reconnaître les droits de la minorité musulmane, dont les membres n'ont pas le statut de citoyen en Birmanie, qui les considère comme des apatrides. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)