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Accord de cessez-le-feu entre Bogota et les rebelles de l'ELN

Les rebelles colombiens de l'Armée de libération nationale (ELN) ont annoncé lundi avoir conclu un accord de cessez-le-feu bilatéral avec le gouvernement. /Photo prise le 30 août 2017/REUTERS/Federico Rios

BOGOTA (Reuters) - Le gouvernement colombien et les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN) ont annoncé lundi avoir conclu un accord de cessez-le-feu bilatéral juste avant la venue du pape François. "La priorité est de protéger les civils, de ce fait, durant cette période, les enlèvements, les attaques sur les oléoducs et autres hostilités contre la population civile cesseront", a déclaré le président Juan Manuel Santos lors d'une allocution télévisée. Il a précisé que ce cessez-le-feu s'appliquerait du 1er octobre au 12 janvier et pourrait être prolongé s'il est respecté. Les détails et mécanismes de vérification du cessez-le-feu ne sont pas encore finalisés, a-t-il ajouté. Bogota et l'ELN, deuxième groupe rebelle du pays après les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), ont formellement entamé des négociations en février à Quito après trois ans de pourparlers secrets. L'ELN a été la première à annoncer cet accord. "Oui, nous l'avons fait! Nous remercions tous ceux qui ont fortement soutenu les efforts pour parvenir à ce cessez-le-feu bilatéral", a ajouté le groupe rebelle sur son compte Twitter. Ce cessez-le-feu devrait permettre de progresser sur la voie d'un accord de paix entre Bogota et l'ELN, qui compte quelque 2.000 combattants et est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne. Juan Manuel Santos, prix Nobel de la paix l'année dernière, a déjà conclu un accord de paix avec les Farc en août 2016. L'ex-mouvement rebelle a terminé son désarmement fin juin et parachevé la semaine dernière sa mue en parti politique, devenant officiellement la "Force alternative révolutionnaire commune". L'ELN, dont des prêtres catholiques ont participé à la fondation en 1964, souligne que cet accord est un geste avant la venue cette semaine du pape François en Colombie. Le chef de l'Eglise catholique est attendu mercredi à Bogota. "Nous avons dit que la visite du pape François devait être un facteur supplémentaire pour accélérer notre travail en vue de cet accord.", a dit l'ELN dans un communiqué. "Une fois passée les jours de célébration de la présence de François, nous continuerons d'insister sur la nécessité d'avancer vers la désescalade du conflit, jusqu'à ce que la paix devienne réalité." Pour son vingtième voyage pontifical, le cinquième en Amérique latine, le pape François va passer cinq jours en Colombie dans les villes de Bogota, Villavicencio, Medellin et Cartagène. Le souverain pontife entend participer à la réconciliation d'un pays dont la population, catholique à quelque 80%, est divisée par plus de cinquante ans de guérilla. "Aujourd'hui, le plus grand défi de l'Eglise colombienne est de contribuer à endiguer la polarisation (de la société) autour du processus de paix entre le gouvernement et les groupes rebelles", expliquait ce week-end l'archevêque Octavio Ruiz, un responsable colombien du Vatican. "Le moment est venu pour nous d'accepter la grandeur du pardon, de laisser derrière nous cette sombre période de guerre et de sang." (Nelson Bocanegra et Luis Jaime Acosta avec Philip Pullella au Vatican; Henri-Pierre André et Arthur Connan pour le service français)