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Les raids de la coalition arabe font 80 morts au Yémen

A Sanaa. Les frappes aériennes de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite ont fait au moins 80 morts mercredi dans la capitale yéménite et dans le nord du pays, près de la frontière saoudienne. /Photo prise le 27 mai 2015/REUTERS/Khaled Abdullah

par Mohammed Ghobari LE CAIRE (Reuters) - Les frappes aériennes de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite ont fait au moins 80 morts mercredi à Sanaa, la capitale yéménite, et dans le nord du pays près de la frontière saoudienne, ont annoncé des habitants. Ce sont les bombardements les plus meurtriers en une seule journée depuis le début de l'offensive aérienne contre les rebelles chiites houthis et leurs alliés le 26 mars. Des avions et des navires de la coalition ont également bombardé mercredi le port militaire yéménite d'Hodeïda, sur la mer Rouge, tenu par les insurgés. "La base navale a été bombardée par des avions et des navires. Il y a beaucoup de destructions et deux navires de guerre (yéménites) ont été touchés. L'un d'eux, le Bilkis, a été détruit et s'est couché sur le flanc", a dit un responsable de la ville joint au téléphone par Reuters. "Cinq navires ont tiré sur les bâtiments administratifs de la base." Dans le nord du pays, bastion des Houthis, des attaques aériennes de la coalition près de la frontière saoudienne ont fait au moins 40 morts, en majorité des civils, dans le secteur de Bakil al Mir, province de Hajjah, ont rapporté des habitants. "Des Houthis attaquaient des positions saoudiennes à la frontière mais la frappe aérienne qui a suivi a touché des civils, pas des combattants", a dit l'un d'eux par téléphone à Reuters. Quelques heures plus tard, des avions ont visé une base aérienne dans le centre de Sanaa, la capitale contrôlée depuis septembre dernier par les miliciens chiites. Selon l'agence de presse yéménite Saba, cette attaque a fait au moins 40 morts et une centaine de blessés. Elle a totalement détruit un entrepôt au moment où des miliciens houthis et des soldats fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh recevaient leurs armes, a dit un rescapé. APPEL DE L'IRAN À LA FIN DE FRAPPES Dans le sud du pays, les Houthis ont poursuivi leur bombardement des positions loyalistes qui résistent depuis des semaines à leurs assauts. Dans cette région, les gouvernementaux fidèles au président Abd-Rabbou Mansour, qui s'est réfugié à Ryad, ont marqué des points ces derniers jours, reprenant le contrôle de la ville de Dalea. Des discussions de paix prévues le 28 mai à Genève sous l'égide de l'Onu ont été repoussées. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a dit sa déception et a demandé "une nouvelle fois aux parties de s'engager dans les discussions proposées par les Nations unies, de bonne foi et sans condition préalable", a déclaré mardi le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric. L'Iran, qui soutient les rebelles chiites, a une nouvelle fois demandé à l'Arabie saoudite de mettre fin à ses attaques au Yémen, menées depuis le 26 mars, rapporte l'agence de presse officielle iranienne Irna. "Nous disons à nos frères saoudiens que nous voulons un avenir meilleur pour tous les pays de la région et que ce qu'ils font au Yémen finira par se retourner contre eux", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui participait à Koweït à un sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Evoquant le récent sommet de Camp David entre Américains et pays arabes du Golfe, il a estimé que les Saoudiens feraient mieux de se tourner vers l'Iran, plutôt que vers les Etats-Unis, pour chercher à régler les crises dans la région. "Pourquoi allez-vous à Camp David alors que nous sommes là, juste à côté de vous, que nous voulons avoir de bonnes relations avec vous, alors que l'Amérique ne vous veut rien de bon et ne pense qu'à ses seuls intérêts ?", a ajouté le chef de la diplomatie iranienne. Dans une lettre ouverte publiée dans la presse koweïtienne, Zarif appelle également au dialogue entre Téhéran et ses voisins arabes. Il assure que l'Iran n'a aucune ambition de récréer son ancien empire et affirme que la conclusion d'un accord définitif entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de la République islamique servira la cause de la paix dans la région. (Avec Mohammed Mukhashaf à Aden, Mahmoud Harby à Koweït et Sam Wilkin à Dubaï; Guy Kerivel pour le service français)