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Alep sous les bombes à deux jours d'une nouvelle réunion

BEYROUTH (Reuters) - Les frappes aériennes ont fait 150 morts cette semaine dans les quartiers de l'est d'Alep tenus par les rebelles, où l'armée syrienne poursuit son offensive avec l'appui de l'aviation russe, ont fait savoir les services de secours, alors que Moscou et Washington prépare une nouvelle réunion en Suisse. Les raids ont repris ce week-end après l'accalmie annoncée le 5 octobre par l'état-major syrien pour des raisons humanitaires. Treize décès ont été dénombrés jeudi, a déclaré Ibrahim Abou al Laïth, membre de la Protection civile joint par Reuters à Alep. "Les bombardements ont débuté à 02h00 et continuent depuis", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'ils avaient notamment visé les quartiers d'Al Kalasseh, de Boustan al Kasr et d'Al Sakhour. Dans l'ouest de la ville aux mains des forces gouvernementales, quatre enfants ont été tués par des obus qui se sont abattus près d'une école, rapporte l'OSDH. L'agence de presse officielle Sana parle d'une "attaque terroriste". Des bombardements avaient déjà fait huit morts mercredi dans cette partie d'Alep, toujours selon l'OSDH. Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union européenne qui doivent se retrouver à Luxembourg ont dénoncé le caractère excessif de ces attaques et accusé le régime syrien et la Russie de crimes de guerre. Dans leur projet de communiqué, les ministres estiment que "l'intensité et l'ampleur des bombardements aériens sur l'est d'Alep sont clairement disproportionnées". Les raids aériens contre des hôpitaux ainsi que l'emploi de barils d'explosifs, de bombes à fragmentation et d'armes chimiques sont responsables "d'un grand nombre de victimes civiles et s'apparentent à des crimes de guerre", affirment les ministres. Barack Obama et ses conseillers devaient avoir vendredi une réunion pour envisager différentes options, y compris militaire, en Syrie, a déclaré un responsable américain. DOUTES PERSISTANTS Certains officiels estiment que les Etats-Unis doivent intervenir avec plus de fermeté en Syrie sous peine de perdre l'influence dont ils disposent encore sur les rebelles modérés et leurs alliés arabes, kurdes et turcs, dans le combat contre l'organisation Etat islamique. Il semble toutefois peu probable que Barack Obama ordonne des frappes aériennes contre des cibles du régime syrien et il se peut qu'aucune décision ne soit prise lors de la réunion du Conseil national de sécurité. Le secrétaire d'Etat John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov doivent se retrouver à Lausanne samedi avec certains de leurs homologues des pays de la région. "On va voir à quoi cette réunion peut être utile", a commenté une source diplomatique française. "On peut avoir des doutes sur la capacité des Américains à débloquer les choses, mais nous, ce qu'on veut éviter avant tout, c'est d'arriver à des situations comme Daraya". "Ils vont discuter du plan de Mistura, qui est de faire sortir les combattants d'Alep", a ajouté la même source. "On est un peu dubitatifs. De Mistura a parlé de 900 combattants Fateh al Cham, nos estimations sont plus basses. En tous cas il y en a moins d'un millier". "Le problème, c'est l'interprétation du plan de Mistura par les Russes. Et ce que vont en dire les Arabes", a-t-elle poursuivi. Sur le front humanitaire, le gouvernement syrien a accepté l'essentiel des projets de l'Onu pour le mois d'octobre, sauf pour Alep-Est, a-t-on appris de source diplomatique à Genève. Damas a donné son vert à l'acheminement de l'aide dans 25 des 29 zones assiégées ou difficiles d'accès, précise-t-on. Les Nations unies, qui ont formulé ces demandes à la fin du mois dernier, attendaient une réponse pour le 30 septembre. (Ellen Francis avec Stephanie Nebehay à Genève et John Irish à Paris; Danielle Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français)