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Les régions veulent garder la main sur la formation

Les régions veulent rester des acteurs de poids dans la réforme à venir sur la formation professionnelle et l'apprentissage, alors que le Medef veut les écarter de leur financement a déclaré jeudi le président-délégué de l'Association des régions de France, François Bonneau. /Photo d'archives/REUTERS/Jose Manuel Ribeiro

PARIS (Reuters) - Les régions veulent rester des acteurs de poids dans la réforme à venir sur la formation professionnelle et l'apprentissage, alors que le Medef veut les écarter de leur financement a déclaré jeudi le président-délégué de l'Association des régions de France, François Bonneau.

"Nous avons demandé l'affirmation du rôle des régions, du pilotage des régions, de la mise en oeuvre par les régions", a-t-il dit à la presse à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre, Edouard Philippe, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud et le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer.

Ces derniers recevaient de mardi à mercredi la plupart des partenaires sociaux pour discuter de la réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage, qui est débattue en parallèle de celle de l'assurance chômage.

Elle vise à remettre tout le secteur "à plat", avait dit le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner sur BFMTV, en permettant, entre autre, d'assurer une meilleure qualité des formations dispensées et un accès plus facile pour les bénéficiaires.

Les régions, qui sont les deuxièmes plus importants financeurs de ce secteur après les entreprises, sont les "chefs de file du service public de la formation dans les territoires", selon la Fédération de la formation professionnelle (FFP). Elles définissent et mettent en oeuvre la politique d'apprentissage et de formation professionnelle.

Mais elles fourniraient un service très inégal, dit-on dans l'entourage de la ministre du Travail. Certaines offriraient "un service aux demandeurs d'emploi qui tutoie les meilleurs pays du Nord de l'Europe", et d'autres seraient beaucoup moins investies, selon cette même source.

"PLUS OU MOINS DE RÉACTIVITÉ"

Le président du Medef, Pierre Gattaz, lui, plaide pour un rôle très limité des régions. Il a réclamé, à l'issue d'une rencontre avec le Président de la république, le 12 octobre dans le cadre de discussions bilatérales avec les partenaires sociaux, que "le financement soit direct", qu'il "ne passe plus par les régions".

François Bonneau admet que les régions doivent faire des efforts, mais il estime qu'elles ne doivent pas pour autant être mises sous "tutelle".

"Je crois que l'apprentissage est une priorité pour beaucoup de régions en fonction des cultures historiques. Il peut y avoir plus ou moins de réactivité", a-t-il dit. "Il faut qu'il y ait des contrôles, une unité à l'échelle du territoire".

Selon lui, ce contrôle doit venir avec davantage de "transparence".

Il assure, par ailleurs, que la décision du gouvernement de ne pas reconduire le soutien de 450 millions d'euros au développement économique en 2018, n'aura pas d'impact sur les discussions sur les réformes à venir.

Cette décision avait pourtant entraîné leur départ de la Conférence des territoires à la fin du mois de septembre.

Pour François Bonneau, lier cet enjeu à celui de la formation de la jeunesse "serait une manière de conditionner l'action publique qui ne nous paraît pas respectueux de la hauteur de vue que nous devons avoir en la matière".

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)