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Les réfugiés syriens menacés d'expulsion à Istanbul

En Turquie, le sentiment anti-réfugiés syriens semble gagner du terrain. Abdurrahman a quitté la Syrie il y a six ans avec sa famille à cause de la guerre. Il vit aujourd'hui à Istanbul et autour de lui, les gens s'interrogent sur sa présence en Turquie. "J'ai entendu des Turcs dire aux Syriens : pourquoi ne retournez-vous pas en Syrie vous battre pour votre pays ? Mais ils ne savent rien de la Syrie, ils ne connaissent pas le régime syrien" , raconte le jeune homme. La Turquie accueille sur son territoire plus de 3,5 millions de Syriens qui ont fui la guerre. A Istanbul où 500 000 Syriens sont enregistrés, le gouvernorat a lancé le mois dernier un ultimatum qui expire ce mardi, et qui exige que les Syriens qui y vivent "illégalement" quittent la ville. Le mois dernier, des milliers de Syriens dit "irréguliers" auraient déjà été arrêtés. Ceux qui ne sont pas enregistrés auraient été envoyés dans des camps de réfugiés. Selon des ONG, certains auraient même été renvoyés en Syrie, ce que dément le gouvernement turc. La répression contre les réfugiés ferait suite à la défaite en juin dernier du parti du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales à Istanbul. Au cours de ces élections, l’accueil des Syriens s’était imposé comme une préoccupation des électeurs. Les réfugiés syriens feraient office, selon certains, de boucs émissaires. "Le gouvernement turc pense certainement que la perte des élections locales est due principalement au sentiment anti-réfugiés syriens. Et le changement de politique vis-à-vis de ces réfugiés a été considéré comme une solution rapide" , explique Aykan Erdemir, de la Fondation pour la défense des démocraties. Des expulsions injustes pour Abdurrahman : "de quoi est coupable la personne qui a une famille et des enfants, et qui doit quitter Istanbul ? Elle veut simplement subvenir au besoin de sa famille et l'aider."