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Les positions de l'AfD largement condamnées en Allemagne

Vote lors du congrès dimanche à Stuttgart de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne). Les positions exprimées dimanche par le parti anti-immigration ont été largement condamnées lundi par la classe politique allemande qui lui reproche d'avoir jugé que l'islam était contraire à la constitution. /Photo prise le 1er mai 2016/REUTERS/Wolfgang Rattay

BERLIN (Reuters) - Les positions exprimées dimanche par le parti anti-immigration AfD (Alternative pour l'Allemagne) ont été largement condamnées lundi par la classe politique allemande qui lui reproche d'avoir jugé que l'islam était contraire à la constitution. Réunie en Congrès dimanche à Stuttgart, la formation qui s'est fait connaître lors de la crise de la zone euro et qui surfe désormais sur le sentiment anti-migrants, a exposé un manifeste anti-islam, appelant à l'interdiction des minarets et de la burqa, le voile intégral porté par certaines musulmanes. "Ce que l'AfD a décidé, c'est une attaque à l'encontre de presque toutes les religions", a déclaré Armin Laschet, vice-président de la CDU, la formation chrétienne-démocrate de la chancelière Angela Merkel. "Ils considèrent l'islam comme un corps étranger en Allemagne. (...) C'est une prise de position qui crée des divisions", a-t-il poursuivi. Katrin Göring-Eckardt, co-présidente du groupe Alliance 90/Les Verts au Bundestag, a qualifié le manifeste de l'AfD de réactionnaire et accusé le parti de semer la discorde en utilisant l'islamophobie. Les sondages créditent l'AfD de 10% à 14% d'intentions de vote, ce qui représente un défi de taille pour les conservateurs de la chancelière Angela Merkel, mais aussi pour les autres partis traditionnels, dans l'optique des élections législatives de septembre 2017. L'ensemble des partis traditionnels excluent une coalition avec l'AfD qui ne compte pas de députés au Bundestag mais est représenté dans la moitié des 16 assemblées régionales du pays. L'Allemagne compte près de quatre millions de musulmans, soit environ 5% de sa population, dont beaucoup, installés de longue date, sont d'origine turque. L'année dernière, plus d'un million de migrants, très majoritairement musulmans, ont fui des zones de guerre, en Syrie, en Irak et en Afghanistan. Alexander Gauland, chef de file de l'AfD du Brandebourg, dans l'Est, assure que les musulmans restent libres de pratiquer leur religion en Allemagne. "Un musulman peut vivre sa foi en Allemagne sans minaret. L'AfD n'a rien contre les lieux de culte", a-t-il déclaré à la Deutschlandfunk, précisant que son parti ne souhaitait pas la destruction des minarets mais qu'on cesse d'en bâtir. (Paul Carrel; Nicolas Delame pour le service français)