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Les pays arabes retrouvent un semblant d'unité sur le Golan

par Ulf Laessing

TUNIS (Reuters) - Les dirigeants des pays arabes réunis en sommet annuel à Tunis ont provisoirement mis de côté dimanche leurs rivalités pour condamner la reconnaissance par Donald Trump de la souveraineté israélienne sur une partie du plateau du Golan, prise à la Syrie en 1967 puis annexée par l'Etat hébreu en 1981.

A l'ouverture de la réunion, le roi Salman d'Arabie saoudite a déclaré aux autres monarques, présidents et chefs de gouvernement des pays membres de la Ligue arabe rassemblés dans la capitale tunisienne que son pays rejetait "totalement" toute mesure affectant la souveraineté syrienne sur le Golan.

Donald Trump a reconnu lundi dernier la souveraineté israélienne sur le Golan, moins de quatre mois après avoir reconnu Jérusalem comme capitale israélienne, une décision condamnée dans le monde arabe et par la communauté internationale.

Dans leur communiqué, les dirigeants arabes annoncent qu'ils vont tenter d'obtenir une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant la décision américaine (Washington dispose cependant d'un droit de veto dans cette instance de l'Onu).

Ils mettent également en garde tout pays qui serait tenté de suivre l'exemple de Donald Trump.

Présent à Tunis, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a estimé que tout règlement du conflit syrien devait garantir l'intégrité territoriale de la Syrie, "y compris sur le plateau occupé du Golan".

Le président tunisien Beji Caïd Essebsi a souligné pour sa part que les dirigeants arabes devaient faire comprendre à la communauté internationale l'importance que revêt pour eux la cause palestinienne.

La stabilité régionale et internationale dépend "d'un accord juste et global qui prenne en compte les droits du peuple palestinien et conduise à l'établissement d'un Etat palestinien ayant Jérusalem pour capitale", a dit le chef de l'Etat tunisien.

En dépit de leur semblant d'unité retrouvée sur la question du Golan, les pays arabes restent divisés sur de nombreux sujets, des manifestations pro-démocratiques qui secouent l'Algérie ou le Soudan à l'influence régionale de l'Iran et la guerre au Yémen, en passant par le rôle du Qatar, soumis depuis 2017 à un blocus politique et économique de l'Arabie saoudite et ses alliés.

Sur l'Iran, ils appellent cependant la république islamique à des relations basées sur "un bon voisinage".

Pour la première fois depuis la crise du Golfe de juin 2017, l'émir du Qatar et le roi d'Arabie saoudite étaient présents dans une même réunion, mais cheikh Tamim ben Hamad al Thani, l'émir du Qatar, n'a assisté qu'à la séance inaugurale avant de quitter la Tunisie, a rapporté l'agence de presse qatarie QNA.

Les présidents algérien Abdelaziz Bouteflika et soudanais Omar Hassan al Béchir, confrontés à de vastes mouvements de contestation dans leurs pays, étaient absents, de même que le président syrien Bachar al Assad, dont le pays a été suspendu des instances de la Ligue arabe après le début de la guerre civile en 2011. Avec la Syrie, la Ligue compte 22 membres.

(Avec Ahmed Tolba, Nadine Awadallah, Aidan Lewis au Caire, Eric Knecht à Doha; Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André)