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Les pays arabes dénoncent les ingérences étrangères au Moyen-Orient

Les dirigeants arabes ont critiqué mercredi, à leur sommet annuel, l’ingérence grandissante de pays étrangers dans les nombreuses crises qui secouent le Moyen-Orient, notamment en Syrie et au Yémen. Dès l’ouverture des débats à Sweimeh sur la mer Morte, le roi de Jordanie Abdallah II a appelé les pays arabes à “prendre l’initiative pour trouver des solutions à tous les défis qui se posent afin d‘éviter les ingérences étrangères dans nos affaires”. Le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a pour sa part qualifié d’“honteux” le fait que les capitales de la région suivent “la crise syrienne sans réelle possibilité d’intervenir” alors que “d’autres acteurs influents” jouent ce rôle. Pour le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, il est “regrettable” que “certaines puissances profitent de la situation (...) pour renforcer leur influence et étendre leur contrôle (...) dans les pays arabes, au plan politique, militaire ou sécuritaire”. “Nous ne permettrons à aucune puissance d’intervenir dans nos affaires”, a-t-il affirmé. “Et toute tentative de domination confessionnelle ou territoriale (...) devra faire face une position arabe claire et ferme”. M. Sissi n’a pas cité de nom de pays mais il faisait référence, selon des observateurs, à l’Iran chiite, allié du président syrien Bachar al-Assad et grand rival de l’Arabie saoudite, chef de file des puissances sunnites. Malgré ce ton ferme, les experts n’attendent pas de décisions fortes à l’issue de ce 28e sommet ordinaire de la Ligue arabe, dont 15 sont représentés par leur président ou leur monarque. “Ce sommet ne sera pas différent des précédents. L’ordre (politique) dans le monde arabe est faible, divisé et souffre de dysfonctionnements depuis de longues années”, a déclaré à l’AFP Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les études politiques. Présent à Sweimeh, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également estimé que les “divisions” au sein du monde arabe avaient “ouvert la voie aux interventions étrangères, à l’instabilité, aux conflits confessionnels et au terrorisme”. Le grand absent du sommet est le président syrien Bachar al-Assad puisque son pays a perdu depuis 2011 son siège au sein de la Ligue arabe. Récemment entré dans sa septième année, le conflit syrien s’est progressivement complexifié avec l’entrée en jeu de multiples acteurs internationaux: la Russie et l’Iran aux côtés du régime de Bachar al-Assad, la Turquie et des pays du Golfe en soutien à la rébellion, tandis que les Etats-Unis et d’autres pays interviennent contre le groupe Etat islamique (EI). Concernant la menace jihadiste, M. Sissi a affirmé que le “terrorisme” avait profité de “l’affaiblissement des pays arabes, des conflits confessionnels et de l’accroissement des interventions étrangères” pour “combler un vide”. Pour sa part, Abdallah II a exhorté “les pays arabes et musulmans à unifier leurs efforts pour combattre le terrorisme et l’extrémisme”. Sans toutefois évoquer de mesures concrètes. L’implication de l’Iran est également mise en cause par les pays du Golfe au Yémen, où le conflit a fait selon l’ONU au moins 7.700 morts depuis mars 2015 et l’intervention d’une coalition militaire arabe commandée par Ryad pour venir en aide au pouvoir face aux rebelles. En marge du sommet, le président palestinien Mahmoud Abbas a rencontré l’envoyé de son homologue américain Donald Trump, Jason Greenblatt, à quelques jours de sa visite à Washington. Alors que M. Trump a récemment semblé rompre avec la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, M. Abbas entend obtenir un soutien arabe clair et uni, qu’il pourra faire valoir lors de ses discussions aux Etats-Unis. Le président Sissi est également attendu, le 3 avril, à Washington. Par ailleurs, l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a pressé la Jordanie d’arrêter le président soudanais Omar el-Béchir, qui participe au sommet. M. Béchir est visé par des mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de génocide et crimes contre l’humanité pour son rôle présumé dans le conflit dans la région du Darfour.