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Les Palestiniens veulent une pression internationale sur Israël

par Nidal al-Mughrabi et Ali Sawafta GAZA/RAMALLAH (Reuters) - Les dirigeants palestiniens ont demandé mercredi à la communauté internationale d'exercer une pression sur Israël et de les soutenir dans leur combat vers la création unilatérale d'un Etat palestinien. La victoire de Benjamin Netanyahu, qui a promis dans les derniers jours de sa campagne qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien tant qu'il sera Premier ministre, laisse peu d'espoirs aux Palestiniens d'atteindre leur objectif. "Il est clair qu'Israël a voté en faveur d'un enterrement du processus de paix, contre la solution à deux Etats et pour la poursuite de l'occupation et des colonies", a déclaré Saëb Erekat, négociateur palestinien en chef aux dernières discussions avec Israël. La victoire de Benjamin Netanyahu est selon lui le succès "d'une campagne fondée sur les colonies, le racisme, l'apartheid et la négation des droits fondamentaux du peuple palestinien." Pour les dirigeants palestiniens, la victoire du Likoud ne leur laisse pas d'autre choix que celui de prendre des initiatives unilatérales pour aller vers la création d'un Etat, par exemple en déposant des plaintes contre Israël à la Cour pénale internationale, dont ils seront adhérents à part entière dès le 1er avril. "Il est plus nécessaire que jamais de se présenter devant la communauté internationale et d'aller devant la CPI, d'accentuer la résistance pacifique et de boycotter l'occupation", a déclaré Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine. Dans un communiqué, Saëb Erekat a demandé à la communauté internationale de soutenir les efforts palestiniens en vue "d'internationaliser (leur) lutte en faveur de la dignité et la liberté par le biais de la Cour pénale internationale et par tous les autres moyens pacifiques." NOUVELLES IMPLANTATIONS La volte-face de Benjamin Netanyahu sur la perspective d'une solution à deux Etats, qu'il défendait jusqu'alors, menace d'attiser des tensions déjà vives avec les Etats-Unis et l'Europe. Les Parlements de plusieurs pays dont la Grande-Bretagne et la France ont appelé l'année dernière leur gouvernement à reconnaître l'existence d'un Etat palestinien indépendant. La Suède a reconnu la Palestine l'an dernier. La coalition que Benjamin Netanyahu s'apprête à former sera sans doute plus à droite que la précédente et les centristes qu'elle devrait intégrer n'ont pas fait campagne sur le thème de la paix, mais sur celui des sujets socio-économiques. Le Premier ministre a d'ailleurs admis au cours de la campagne que la colonisation autour de Jérusalem n'avait pas d'autre dessein que celui de couper complètement les Palestiniens de la ville sainte. Selon Yariv Oppenheimer, chef de file d'un mouvement israélien opposé aux colonisations, il est probable que Benjamin Netanyahu favorise les nouvelles implantations que beaucoup de pays considèrent comme illégales. "La mascarade de Netanyahu est terminée. Tout est clair, nous parlons d'un homme qui a prêté allégeance à la droite, pas d'un centriste", a déclaré Yariv Oppenheimer. FRUSTRATION PALESTINIENNE La frustration palestinienne s'est encore accentuée lorsqu'Israël a confisqué 127 millions de dollars de recettes fiscales collectées pour le compte de l'autorité palestinienne en représailles à la décision de rejoindre la CPI. Si les responsables palestiniens n'ont montré aucune volonté imminente de changer de trajectoire, l'analyste politique Hani Habib, basé à Gaza, estime que le Premier ministre pourrait se décider à débloquer les fonds, qui couvrent près des deux tiers du budget palestinien, maintenant que l'élection est passée. "Je n'exclus pas que Netanyahu débloque les recettes de l'impôt sur le revenus pour améliorer son image (internationale)", a dit Habib. "Il a utilisé (le blocage des recettes fiscales) comme une carte au cours de sa campagne électorale, et à présent, il a gagné." Saëb Erekat a laissé entendre que les Palestiniens pourrait mettre à exécution dès le mois de mars leur menace de suspendre la coordination sécuritaire avec Israël, ce qui aurait un impact immédiat sur la stabilité de la Cisjordanie. Nabil Abou Rdainah, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, n'a toutefois pas totalement fermé la porte à de nouvelles discussions avec Israël. "Nous ne nous inquiétons pas de savoir qui est chef du gouvernement en Israël, ce que nous voulons du gouvernement israélien, c'est qu'il reconnaisse la solution à deux Etats avec Jérusalem-Est comme capitale de l'Etat de Palestine." (Nicolas Delame pour le service français)