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Les Palestiniens se tournent vers la Cour pénale internationale

par Noah Browning RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) - Le président de l'Autorité palestinienne a promulgué mercredi 20 accords internationaux, dont le statut fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), au lendemain de l'échec du projet de résolution de l'Onu réclamant le retrait israélien des territoires occupés d'ici 2017. L'initiative de Mahmoud Abbas, qui a aussitôt fait réagir Israël, devrait permettre à la CPI d'être compétente pour les "crimes de guerre" commis dans les territoires palestiniens ainsi que pour les faits imputés aux dirigeants palestiniens et israéliens. "Ils nous attaquent nous et notre territoire tous les jours; auprès de qui devons-nous nous plaindre ? Le Conseil de sécurité nous a laissé tomber : où pouvons-nous aller ?" a déclaré Mahmoud Abbas lors d'une réunion des dirigeants de l'Autorité palestinienne qui était retransmise à la télévision. "Nous voulons en référer aux institutions internationales, et en voici une à laquelle nous nous adressons, et nous nous plaindrons auprès de ces personnes", a ajouté le président de l'Autorité palestinienne, avant de signer les documents. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a aussitôt réagi. Il a souligné que la CPI pourrait également poursuivre des Palestiniens pour avoir soutenu le Hamas, qu'il a qualifié de groupe terroriste. "Nous allons prendre des mesures en réponse et défendre les soldats israéliens", a-t-il dit dans un communiqué. "UN SIGNAL CLAIR" Parmi les accords entérinés par Mahmoud Abbas mercredi figurent des conventions contre les armements interdits, des textes concernant les droits politiques des femmes, la navigation ou encore l'environnement. Le projet de résolution palestinien demandant la conclusion de négociations de paix dans un délai d'un an et un retrait israélien des territoires occupés avant la fin de 2017 a été rejeté sans surprise mardi par le Conseil de sécurité des Nations unies. Huit pays, dont la France, se sont prononcés en faveur d'un texte que les Etats-Unis, de même que l'Australie, ont rejeté. Même s'il avait recueilli les neuf voix nécessaires à son adoption, le vote américain aurait bloqué la procédure en vertu du droit de veto de Washington au Conseil de sécurité. Les dernières négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, menées sous la médiation des Etats-Unis, ont échoué en avril dernier en raison des projets de colonies de peuplement d'Israël dans les territoires palestiniens, des termes d'un accord d'échange de prisonniers et de la décision de Mahmoud Abbas de signer une dizaine d'accords internationaux. "Nous jouons les gentils, en ce qui concerne les négociations, depuis 1991, et, pendant de temps, la possibilité d'une solution à deux Etats est en train de s'effriter", a déclaré à Reuters Hanane Achraoui, une diplomate palestinienne. Elle a précisé qu'il n'existait pas de projet précis de la part des Palestiniens de porter plainte auprès de la CPI, mais que la décision annoncée par Mahmoud Abbas était "un signal clair à Israël et à la communauté internationale qu'Israël doit cesser ses crimes de guerre, et notamment les colonies." (Avec Dan Williams et Allyn Fisher-Ilan, Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)