Les négociations sur le nucléaire iranien reprendront mercredi

Les négociations entre l'Iran et les puissances du P5+1 sur le programme nucléaire de la république islamique reprendront mercredi et jeudi prochain à Vienne. /Photo prise le 4 mars 2015/ REUTERS/Heinz-Peter Bader

BRUXELLES (Reuters) - Les négociations entre l'Iran et les puissances du P5+1 sur le programme nucléaire de la république islamique reprendront mercredi et jeudi prochain à Vienne, a annoncé l'Union européenne. En début de semaine, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, avait avancé la date du 21 avril. "Une rencontre bilatérale entre la directrice politique de l'UE Helga Schmid (NDLR, l'adjointe de la Haute Représentante Federica Mogherini) et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi lancera les discussions les 22 et 23 avril et sera suivie par une réunion plénière de tous les directeurs des affaires politiques de l'E3+3 et de l'Iran", a précisé l'UE dans un communiqué diffusé jeudi. L'E3+3 est une autre dénomination du groupe des six puissances impliquées dans la recherche d'une solution à la crise du nucléaire iranien, à savoir les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne) et l'Allemagne. L'Iran et le P5+1 ont conclu le 2 avril un accord-cadre qui prévoit un règlement définitif global d'ici le 30 juin au plus tard, auquel ils vont s'atteler à partir de la semaine prochaine. Mais l'accord arraché après huit jours de négociations-marathon à Lausanne reste fragile et la phase qui s'ouvre s'annonce particulièrement délicate. Les parties sont notamment en désaccord sur le rythme de levée des sanctions imposées à l'Iran et sur un possible mécanisme de rétablissement en cas d'infractions des Iraniens à leurs engagements. Pour la Russie, qui a annulé lundi l'interdiction en cours depuis cinq ans de la livraison à l'Iran de systèmes de missiles antimissiles S-300, l'accord conclu en Suisse a démontré la bonne volonté de l'Iran et justifie cette décision. "Nous ne voyons aucune raison de maintenir unilatéralement cet embargo", a redit jeudi le président russe Vladimir Poutine. L'AIEA PARLE DE "DISCUSSIONS CONSTRUCTIVES" En déplacement à Moscou, le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, qui participait à un colloque sur la sécurité, a dit espérer que les négociations aboutiraient. Il a balayé les accusations sur les visées nucléaires militaires de l'Iran, les jugeant "absurdes", et a souligné que la république islamique continuait de coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). "Nous pensons que cela nous aidera à parvenir à un accord global", a-t-il ajouté. L'agence onusienne, qui sera chargée en cas d'accord de contrôler et surveiller le respect par l'Iran de ses engagements, mène parallèlement aux négociations internationales une enquête sur le programme nucléaire iranien. Dans son dernier rapport, publié à la mi-février, l'AIEA souligne que deux aspects restent à éclaircir: les calculs et modélisations des chercheurs iraniens sur le transport de neutron et l'expérimentation de détonateurs. L'AIEA a dit jeudi avoir eu ces derniers jours des "discussions constructives" avec l'Iran sur ces deux points en suspens et espère des progrès d'ici la fin du mois. Dans un rapport diffusé en novembre 2011, l'AIEA faisait état de "sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien". Citant à l'appui des informations "crédibles", l'AIEA affirmait que ces données "indiquent que l'Iran a mené des activités relatives à la mise au point d'un engin explosif nucléaire". C'est ce que l'agence basée à Vienne tente d'éclaircir dans ses discussions avec Téhéran. (Robin Emmott avec Gabriela Baczynska à Moscou et Shadia Nasralla à Vienne; Henri-Pierre André pour le service français)