Des soldats ivoiriens exigent à nouveau le versement de leurs primes

ABIDJAN (Reuters) - Des militaires ivoiriens ont quitté leurs caserne vendredi, érigé des barricades et bloqué les rues de plusieurs villes du pays, notamment dans la capitale économique Abidjan, contestant le renoncement à leur exigence du versement de primes exprimé dans la nuit par certains de leurs représentants. Ces incidents sont le prolongement d'une mutinerie survenue au mois de janvier lorsque les militaires exigeaient du gouvernement le versement de primes. Dans l'après-midi, un conseil national de sécurité a été organisé, a-t-on appris de source proche du ministère de la Défense. Des milliers de soldats ivoiriens impliqués dans une mutinerie en janvier avaient accepté jeudi de renoncer à leurs revendications sur le versement de primes, a annoncé un porte-parole du groupe. Mais cette annonce a ranimé la colère de certains soldats stationnés à Bouaké qui ont dénoncé l'accord, affirmant ne pas en avoir été informés au préalable. "Ce n'est pas ce qu'ils devaient dire(...), on attend jusqu'au soir s'il n'y a rien, on va tout fermer", a prévenu un des meneurs de la mutinerie. "Les soldats sont à l'entrée de la ville. Nous n'allons pas la boucler pour le moment (...), d'autres soldats sont également déployés dans la ville", a-t-il dit. Les soldats ont tiré en l'air, mais l'ampleur de ces tirs a ensuite diminué, ont dit des habitants qui rapportent en outre que des mutins se sont déployés sur la principale artère menant à Yamoussoukro, la capitale administrative, et Abidjan. Dans cette dernière, des barricades ont été érigées autour du quartier général de l'armée et du ministère de la Défense. Certaines parties de la ville sont bouclées. Depuis la crise qui a secoué le pays entre 2002 et 2011, la Côte d'Ivoire jouit d'une forte croissance économique, mais la mutinerie de janvier a souligné la persistance de profondes divisions héritées de la guerre civile, notamment dans l'armée, où cohabitent anciens combattants rebelles et ex-soldats loyalistes. En janvier, les soldats, pour la plupart d'anciens rebelles favorables à Alassane Ouattara, avaient pris le contrôle de Bouaké. Face à l'ampleur du mouvement qui faisait tache d'huile dans le pays, le gouvernement avait accepté de se plier à certaines exigences. Des primes de cinq millions de francs CFA (7.500 euros) ont été versées à chacun des 8.400 soldats mutins. Un versement supplémentaire de sept millions de francs CFA (10.500 euros) restait réclamé par les mutins. (Joe Bavier et Ange Aboa, Julie Carriat Gilles Trequesser, et Nicolas Delame pour le service français)