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Les militants socialistes ouvrent la voie de 2017 à Hollande

En votant à plus de 60% en faveur de la motion "loyaliste" présentée par leur premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, les militants du PS ont permis à François Hollande de franchir une étape clé vers une candidature à sa réélection en 2017. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

PARIS (Reuters) - François Hollande a franchi une étape clé vers une candidature à sa réélection en 2017 en obtenant, face aux "frondeurs", le soutien des militants socialistes sur sa ligne politique, estiment vendredi analystes et proches du chef de l'Etat. Après plus d'un an de guérilla menée par l'aile gauche du PS contre le gouvernement, les militants du PS ont voté jeudi à 60% en faveur de la motion "loyaliste" présentée par leur premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis. Celle des "frondeurs", la "B", a obtenu 29% des voix, a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse le secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, sur la base de 92% des bulletins dépouillés. Le résultat final ne changera pas avant sa proclamation début juin, a-t-il dit. Les deux autres textes d'orientation en lice se partagent les 11% restants et le taux de participation a atteint 54,5% des quelque 130.000 militants du PS, un pourcentage, a rappelé Christophe Borgel, équivalent à celui qui avait permis à Nicolas Sarkozy d'être élu président de l'UMP en novembre 2014. François Hollande s'est réjoui vendredi du bon score de la motion loyaliste, essentiel pour la suite de son quinquennat, dont il estime qu'il sera meilleur sur le plan économique grâce au retour de la croissance en France. "Tout ce qui peut apporter de la stabilité, de la cohérence et de la visibilité est bon pour l'action que je mène aujourd'hui pour la France", a-t-il dit en marge d'un sommet à Riga entre l'Union européenne et ses partenaires orientaux. Jean-Christophe Cambadélis, assuré d'être reconduit jeudi prochain par les militants à la tête du PS avant le congrès du parti, du 5 au 7 juin à Poitiers, a quant à lui salué vendredi sur BFM TV un "vote de sortie de crise". SATISFACTION ET SOULAGEMENT Pour François Miquet-Marty, de l'institut de sondages Viavoice, les frondeurs, avec moins d'un tiers des votes, ont échoué à renverser la table et l'autorité du président sort confortée du vote. "On a la définition d'un rapport de force qui est nettement favorable à la ligne Hollande-Valls", estime l'analyste, pour qui "cela facilite l'idée d'une candidature Hollande en vue de 2017". Donnée archi-favorite après le ralliement de la maire de Lille Martine Aubry, la direction du PS avait placé la barre d'un résultat satisfaisant à la seule majorité absolue, même si un tel score aurait constitué une forme de désaveu. Le score final constitue une satisfaction et un soulagement pour l'entourage du chef de l'Etat. "Il peut construire quelque chose à partir de cela pour la prochaine étape", estime un proche de François Hollande, pour qui les frondeurs vont aussi devoir tirer un trait sur une primaire pour 2017, une option défendue dans leur motion. "A mon avis c'est un vote qui clôt la question des primaires" socialistes pour 2017, dit-il. La direction du PS a aussi réussi à garder sa crédibilité, la validité du vote n'ayant pas été remise en cause, même si les préparatifs du scrutin ont été pollués par des craintes de fraudes, récurrentes dans les consultations du parti. Une contestation des résultats aurait pu déclencher une crise et avoir des effets dévastateurs pour François Hollande. "Dans la très grande majorité des cas, ces votes se sont déroulés dans des conditions impeccables", a déclaré vendredi lors d'une conférence de presse le chef de file de la motion "B", Christian Paul, qui représente les frondeurs. Il s'est déclaré satisfait par sa campagne. "J'ai la conviction que nous avons réveillé le Parti socialiste qui était en hibernation depuis trois ans." GAGES DONNES A moins de deux ans de l'élection présidentielle, le président socialiste avait besoin d'un parti acquis à sa cause s'il veut espérer, dans un deuxième temps, rassembler le reste de la gauche autour de sa candidature. François Hollande, qui a commencé à donner des gages à son parti en vue du scrutin, devra néanmoins composer davantage avec le PS. Jean-Christophe Cambadélis a déclaré qu'il n'était pas question de donner carte blanche à l'exécutif. "Nous sommes solidaires mais nous avons des exigences", a dit le dirigeant du PS, dont la motion demande notamment une réforme fiscale ambitieuse d'ici la présidentielle de 2017. Il a dit vouloir prendre au mot le chef de l'Etat, François Hollande, qui a dit que le temps de la redistribution est venu. Le chef du PS veut ainsi poser la question de l'instauration du prélèvement de l'impôt à la source et d'une contribution sociale généralisée (CSG) progressive alors que, pour l'heure, le ministre des Finances Michel Sapin se montre très prudent. Christian Paul entend lui pousser pour qu'après le congrès de Poitiers se forme une majorité "pour demander des évolutions très conséquentes de la politique économique", citant le pacte de responsabilité jugé trop favorable aux entreprises, la réforme fiscale et "une nouvelle loi bancaire". De son côté, le premier secrétaire du PS doit mettre en ordre de bataille et redynamiser un parti qui a perdu toute les élections depuis la présidentielle de 2012. "On a 700.000 sympathisants. La question c'est pourquoi ils ne viennent pas au Parti socialiste", a-t-il dit, ajoutant vouloir porter le nombre de militants jusqu'à 500.000 contre 131.000 actuellement. (Emmanuel Jarry, Ingrid Melander et Julien Ponthus, avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse)