Les kurdes syriens étendent leur contrôle sur Hassaka

BEYROUTH (Reuters) - Les milices kurdes syriennes ont évacué vendredi des milliers d'habitants des zones kurdes de la ville d'Hassaka, dans le nord-est de la Syrie, soumise à des frappes aériennes et des tirs d'artillerie des forces gouvernementales, a rapporté Redur Xelil, porte-parole de la milice kurde YPG. Selon le porte-parole, des dizaines de civils ont été tués depuis le début des bombardements il y a 48 heures. Dans un communiqué diffusé vendredi soir, l'armée syrienne a dit avoir réagi "de manière appropriée" à une tentative de la part des Kurdes de prendre totalement le contrôle de la ville. Les bombardements aériens ont uniquement ciblé les positions d'où partaient les tirs ennemis et des groupes armés, a-t-elle affirmé. Le porte-parole des YPG a indiqué que la plupart des personnes évacuées étaient des femmes et des enfants. "Toute personne qui peut porter les armes combat le régime et ses bandes", a-t-il déclaré, qualifiant cette confrontation avec le régime syrien comme la plus violente qu'ait connue son organisation depuis cinq ans. Les forces kurdes, qui contrôlent déjà en grande partie la ville d'Hassaka, ont investi des bâtiments du gouvernement, dont une université d'économie, a annoncé plus tôt dans la journée Nasser Hadj Mansour, responsable de la milice kurde YPG liée à la coalition des Forces démocratiques syriennes (FDS). L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué que les combattants kurdes gagnaient du terrain dans le sud de la ville. DES AVIONS AMÉRICAINS SURVOLENT LA ZONE Les affrontements avec les forces kurdes cette semaine à Hassaka ont poussé l'aviation gouvernementale syrienne à bombarder pour la première fois depuis le début du conflit des quartiers contrôlés par les forces kurdes. L'OSDH a annoncé jeudi que 13 personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été tuées lors de ces frappes. Les Etats-Unis ont annoncé de leur côté avoir envoyé sur zone un avion de chasse pour protéger des membres des forces spéciales américaines présentes sur le terrain. Le chasseur a survolé Hassaka au moment où deux bombardiers Sukhoi SU-24 syriens en repartaient, a déclaré le porte-parole du Pentagone, précisant qu'il ne s'agissait pas d'une mission d'interception mais que d'autres avions avaient par la suite été envoyés en renfort. "C'est très inhabituel. Nous n'avions pas vu le régime mener ce genre d'opérations contre les YPG auparavant", a souligné le porte-parole, le capitaine Jeff Davis. Il s'agit des affrontements les plus sérieux entre les Kurdes et l'armée syrienne depuis ceux qui s'étaient déroulés en avril à Kamichli, une autre ville du nord-est de la Syrie dont l'armée de Damas n'a pas été totalement chassée. Selon l'OSDH, les hôpitaux en territoire kurde n'ont pas assez de sang et de médicaments pour soigner les blessés. (Tom Perry, Laura Martin et Tangi Salaün pour le service français)