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Les menaces budgétaires de Trump font trébucher Wall Street

par Sruthi Shankar et Kimberly Chin

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé en baisse mercredi en réaction aux dernières déclarations du président américain Donald Trump, menaçant d'une vacance des administrations publiques si le Congrès n'approuve pas le financement d'un mur à la frontière mexicaine.

Le Congrès doit se prononcer sur un relèvement du plafond d'endettement d'ici la fin septembre. En l'absence d'un tel relèvement, l'Etat risquerait de se retrouver en situation de défaut mais un parlementaire a estimé qu'il n'y avait "aucun risque" que ce plafond ne soit pas rehaussé.

Cela étant, le Congrès ne disposera que de 12 jours ouvrés au retour de sa vacance estivale, le 5 septembre, pour augmenter les possibilités d'emprunt du Trésor avant qu'il ait épuisé toutes ses ressources pour honorer les engagements de l'Etat.

L'Office du budget du Congrès (CBO) avait en juin que les députés et sénateurs devaient relever le plafond d'ici la mi-octobre pour parer à tout défaut.

L'agence Fitch Ratings a dit mercredi que si ce plafond n'était pas remonté en temps opportun, elle reverrait ses notes de la dette souveraine américaine "avec en puissance des implications négatives".

"En définitive, je ne crois pas que le marché tienne vraiment compte de tout ce bruit en provenance de Washington mais il tente quand même de comprendre ce que ce bruit implique pour la réforme fiscale", a tempéré Paul Eitelman (Russell Investments).

L'indice Dow Jones a perdu 87,80 points (0,40%) à 21.812,09 points. Le S&P-500 a cédé 8,47 points, soit 0,35%, à 2.444,04 points. Le Nasdaq Composite a laissé 19,07 points (0,30%) à 6.278,41 points.

L'indice de volatilité du CBOE a gagné six points à 12,03, sa première hausse en quatre séances.

Cette dernière péripétie présidentielle tombe d'autant plus mal que les investisseurs sont déjà anxieux à la veille de l'ouverture de la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming).

Ce symposium sera dominé vendredi par les discours de Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (Fed), et de Mario Draghi, son homologue de la Banque centrale européenne (BCE), mais tous deux devraient surtout s'efforcer d'éviter de prendre les marchés à contre-pied.

Les investisseurs n'ont pas trop apprécié non plus que les ventes de logements neufs aient baissé de manière inattendue en juillet, pour tomber à leur plus bas niveau en sept mois.

Aux valeurs, la chaîne de magasins de bricolage Lowe's a perdu 3,7% après avoir qualifié ses résultats au premier semestre de nettement inférieurs à ses attentes. Sa concurrente plus grosse Home Depot a abandonné 0,5%.

Les publicitaires Omnicom et Interpublic Group ont cédé 7,0% et 6,3% respectivement, WPP, le premier publicitaire mondial, ayant abaissé pour la deuxième fois en six mois sa prévision de chiffre d'affaires annuel en raison de la réduction des dépenses publicitaires des géants de la grande consommation.

Le volume a été de 5,04 milliards de titres échangés, bien inférieur à la moyenne de 6,2 milliards sur les 20 dernières séances.

Les propos de Trump ont également eu des répercussions sur le marché des changes et le marché obligataire.

L'indice du dollar a reculé de 0,4% à 93,151 et le rendement de l'emprunt d'Etat à 10 ans est tombé tout juste en deçà de 2,17%, contre 2,22% la veille, sur des achats de sécurité.

Le dollar a également cédé 0,5% à 108,97 yens et 1,1818 par euro respectivement.

Tout comme la Bourse, le marché obligataire est particulièrement à l'affût de ce que diront les banquiers centraux réunis à Jackson Hole.

Le baril de brut a terminé en hausse mercredi sur le Nymex, grâce à la huitième baisse hebdomadaire d'affilée des stocks américains, alors même que la production locale n'a que modérément augmenté.

(Gertrude Chavez-Dreyfuss et Karen Brettell et Jessica Resnick-Ault; Wilfrid Exbrayat pour le service français)