Les marins russes formés sur le Mistral quittent la France

SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - Le navire-école Smolny transportant les 400 marins russes qui ont été formés pendant plus de cinq mois à la manoeuvre du porte-hélicoptères Mistral a quitté jeudi son quai du port de Saint-Nazaire, vraisemblablement pour Saint-Pétersbourg. La France a suspendu fin novembre la livraison du premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) en raison de la situation dans l'est de l'Ukraine et les marins russes avaient achevé leur formation. La Russie a annoncé lundi dernier qu'elle accepterait ou de l'argent ou la livraison des deux porte-hélicoptères pour résoudre son différend avec la France. Vladimir Poutine et François Hollande se sont rencontrés le 6 décembre dernier. Selon le président russe, la question de la livraison des Mistral n'a pas été abordée à cette occasion. "Ce n'est pas un départ définitif, dans le sens où la décision de livrer ou non le navire n'a pas été prise", a déclaré jeudi un porte-parole de DCNS, qui a sous-traité la construction des deux navires aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). "Cette décision, elle appartient au chef de l'Etat. S'il nous donne l'autorisation d'exporter le navire, des marins russes reviendront donc le chercher." Il a ajouté que, selon toute vraisemblance, le Smolny regagnera Saint-Pétersbourg pour que les marins russes puissent y passer les fêtes de Noël en famille. Sous la pression de ses partenaires, notamment américains, hostiles à la livraison des deux BPC en pleine crise ukrainienne dans laquelle le rôle de Moscou a été dénoncé par les Occidentaux, François Hollande avait annoncé le 3 septembre dernier que les conditions n'étaient pas réunies pour livrer le premier des deux navires. LA CONSTRUCTION DU DEUXIÈME MISTRAL SE POURSUIT Le 16 octobre, il avait déclaré que le respect du cessez-le-feu prévu par le protocole de Minsk signé par l'Ukraine, la Russie et les séparatistes de l'Est sous les auspices de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) restait l'une des conditions pour que la France accepte de livrer les Mistral. Le 25 novembre, le président français avait annoncé le report "jusqu'à nouvel ordre" de la livraison, le cessez-le-feu étant régulièrement violé. Le premier BPC, le Vladivostok, devait initialement être livré en octobre et les 400 marins russes ont été formés depuis le 30 juin à sa manoeuvre dans le port de Saint-Nazaire. Leur entraînement était terminé depuis le mois de novembre. La livraison du deuxième navire est prévue pour 2015. "Les travaux de construction du deuxième BPC se poursuivent", a souligné le porte-parole de DCNS. "Ce n'est pas parce que les marins russes s'en vont que nous arrêtons la fabrication du deuxième bâtiment, qui dépend du même contrat." Un refus de livrer les deux navires, dont la vente représente un montant d'1,2 milliard d'euros, pourrait obliger la France à dédommager Moscou au-delà d'une date-butoir pour l'instant tenue secrète. (Stéphane Mahé, avec Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)