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Les lignes de front du conflit syrien bougent dans le Nord

BEYROUTH (Reuters) - La progression de l'armée syrienne face aux positions tenues par le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie est en train de modifier non seulement les lignes de front mais les contours du conflit aux abords de la frontière turque. Cette percée des troupes de Damas change la donne dans la mosaïque ethnique complexe qui prévaut dans cette partie du pays, estiment les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance dominée par les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). "Sur un plan commercial et pour les civils, c'est une excellente chose, parce que désormais (...) on peut relier tout le secteur rural du nord de la Syrie", explique le porte-parole des FDS, Talal Silo. Il est possible maintenant de rallier par la route Manbij, ville aux mains des FDS, à Alep "en passant par des zones contrôlées par les FDS et par les forces du régime". Les habitants du nord-est de la Syrie, zone sous contrôle kurde aux confins de la Turquie, qui étaient dépendants par exemple d'une aide médicale venant d'Alep, voire de Damas, la capitale, et en étaient coupés vont à nouveau pouvoir la recevoir. "Tout ça, c'est dans l'intérêt des gens", estime Talal Silo, qui écarte tout risque d'affrontement entre les YPG et les troupes gouvernementales. Les FDS, qui outre les YPG incluent différents groupes armés, notamment arabes, ont déjà pris à l'EI une partie du territoire syrien le long de la frontière turque. Appuyés par des bombardements aériens des forces de la coalition sous commandement américain, leurs combattants participent maintenant aux opérations visant à encercler Rakka, principale ville encore aux mains de Daech en Syrie. L'alliance avec les YPG a provoqué des tensions avec la Turquie qui considère la milice kurde comme un allié des indépendantistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu'Ankara combat sur son territoire depuis trois décennies. Dans cette mosaïque d'intérêts croisés, le régime de Damas contrôle toujours deux villes dans le secteur aux mains des YPG, Kamichli et Hassaka. A l'inverse, les YPG sont présentes encore dans des secteurs d'Alep, la grande ville du Nord dont les troupes gouvernementales ont repris le contrôle en décembre. (Tom Perry et Souleiman al Khalidi, Gilles Trequesser pour le service français)