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Les Kurdes de Syrie ébauchent leurs projets politiques

par Tom Perry BEYROUTH (Reuters) - Les organisations kurdes de Syrie et leurs alliés se sont entendus jeudi sur un projet de constitution pour les territoires qu'ils ont conquis aux dépens de l'Etat islamique, en dépit de l'hostilité d'Ankara et de Damas, a annoncé un responsable kurde. L'extension de la zone d'influence kurde dans le nord de la Syrie préoccupe la Turquie qui redoute que les succès militaires des peshmergas alimentent la rébellion qui sévit dans le Sud-Est turc. Les Etats-Unis, qui soutiennent les milices kurdes opérant dans le nord de la Syrie, se sont eux aussi opposés au projet fédéral défendu par les Kurdes, tout comme le président syrien Bachar al Assad. La feuille de route kurde, qualifiée de "contrat social", a été approuvée par une assemblée réunie à Rmeilan, dans l'extrême nord-est syrien. "Le contrat social a été ratifié (...) et le comité exécutif va préparer des élections", dans un premier temps pour l'administration régionale, dans un second temps pour élire un organe de gouvernement, a dit le responsable, sans détailler le calendrier des scrutins. Les miliciens kurdes ont le plus souvent évité le conflit avec les forces gouvernementales syriennes, concentrant leurs efforts militaires contre les djihadistes de l'organisation Etat islamique. Les Kurdes n'ont pas été associés aux discussions ayant conduit à l'annonce d'un cessez-le-feu en Syrie, ce jeudi, mais n'excluent pas de participer aux discussions d'Astana, auxquelles le processus doit conduire. "Nous sommes prêts à négocier à des réunions régionales et internationales, à proposer nos projets et notre vision pour une solution en Syrie", a expliqué Faouza Ahmas, membre de l'assemblée constituante. Selon un porte-parole de l'Armée syrienne libre, qui regroupe plusieurs groupés armés rebelles, les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ne sont pas concernés par le cessez-le-feu annoncé jeudi et leur bras politique, le Parti de l'union démocratique (PYD), ne sera pas représenté aux négociations d'Astana. La Turquie est opposée par principe aux aspirations des Kurdes de Syrie et considère que leur principale formation politique, PYD, est le prolongement syrien du PKK. (Avec Ellen Francis à Beyrouth, Nicolas Delame pour le service français)