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Les Kurdes d'Irak proposent de geler le résultat du référendum

par Maher Chmaytelli et Hesham Hajali

BAGDAD/LE CAIRE (Reuters) - Le gouvernement régional du Kurdistan irakien (GRK) a proposé mercredi de geler le résultat du référendum d'autodétermination du 25 septembre, un geste destiné à résoudre pacifiquement la crise avec le gouvernement central de Bagdad.

Un porte-parole militaire irakien a cependant laissé entendre que se poursuivrait l'offensive lancée il y a dix jours par l'armée de Bagdad pour reprendre le contrôle de territoires contrôlés par les peshmergas (combattants kurdes) depuis trois ans dans le nord du pays.

"Les affrontements entre les deux parties ne produiront de victoire pour aucune d'entre elles, et conduiront le pays vers une destruction totale", affirme le GRK dans un communiqué.

"Nous faisons la proposition suivante au gouvernement et à l'opinion publique irakienne et internationale:

1- un cessez-le-feu immédiat

2-le gel du résultat du référendum

3-l'ouverture d'un dialogue avec le gouvernement fédéral sur la base de la Constitution irakienne."

Les autorités irakiennes ont déclaré le référendum kurde illégal et ont lancé une offensive le 15 octobre pour reprendre la région pétrolifère de Kirkouk et les "zones disputées".

Le Premier ministre Haïdar al Abadi, qui avait posé comme préalable à des discussions que le GRK déclare nul et non avenu le référendum, n'a pas encore réagi aux propositions kurdes.

Dans un bref communiqué diffusé mercredi matin, un porte-parole militaire irakien a simplement déclaré: "Les opérations militaires ne sont pas liées à la politique."

ZONE STRATÉGIQUE

Haïdar al Abadi a entamé une visite officielle en Turquie et en Iran, deux pays où vivent également des populations kurdes, et ce dossier devrait être largement abordé dans les discussions.

L'Iran a annoncé la réouverture du point de passage de Bashmagh avec le Kurdistan irakien, qui avait été fermé après le référendum du 25 septembre.

Le Premier ministre irakien, soutenu par Téhéran et Ankara dans sa politique envers les Kurdes, exige de contrôler les postes frontaliers avec la Turquie, qui se trouvent tous dans la région autonome kurde.

Mardi, les peshmergas ont annoncé avoir repoussé des miliciens pro-gouvernementaux dans la région de Rabia, à 40 km au sud de la zone frontalière de Fish-Khabour, où passe un tronçon d'un oléoduc permettant aux Kurdes d'exporter du pétrole.

Jusqu'ici, les quelques affrontements qui ont eu lieu depuis le 15 octobre s'étaient déroulés en dehors de la région autonome kurde mais Fish-Khabour se trouve à l'intérieur de cette région.

Ces combats ont été rares, les peshmergas préférant en général se retirer devant les forces irakiennes.

OFFENSIVE IMMINENTE CONTRE L'EI

Par ailleurs, l'armée de Bagdad s'apprête à lancer une offensive contre les derniers territoires encore contrôlés par le groupe Etat islamique (EI) en Irak, à la frontière avec la Syrie dans l'ouest du pays.

Des tracts ont été largués par l'aviation irakienne sur la région frontalière d'Al Kaïm et Rawa où il est écrit: "Vos forces de sécurité viennent maintenant vous libérer," déclare le Commandement conjoint des opérations.

"Dieu est avec nous dans ce dernier assaut contre les membres de Daech. Dites à ceux parmi vos enfants et vos proches qui ont pris une arme contre l'Etat de la jeter immédiatement et de se rendre dans toutes les maisons où un drapeau blanc aura été hissé quand les forces de libération entreront dans al Qaïm", peut-on encore lire.

Le califat autoproclamé en 2014 par l'Etat islamique sur un territoire à cheval entre l'Irak et la Syrie s'est effondré de facto en juillet avec la capture de Mossoul, dans le nord de l'Irak, après neuf mois de combats acharnés.

En Syrie, le groupe djihadiste a perdu la semaine dernière sa "capitale" Rakka. Il contrôle toujours des territoires dans la région de Daïr az Zour mais cette région rétrécit à mesure que le groupe armé se replie face à deux offensives distinctes, l'une menée par les milices arabo-kurdes des FDS (Forces démocratiques syriennes) avec le soutien de la coalition sous commandement américain, l'autre par l'armée syrienne avec l'appui de la Russie.

(Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)