Les jeux ne sont pas faits pour le second tour, prévient Sapin

Le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin a sonné mardi la mobilisation contre Marine Le Pen en vue du second tour de la présidentielle le 7 mai, prévenant que sa défaite était loin d'être acquise. /Photo d'archives/REUTERS/Axel Schmidt

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin a sonné mardi la mobilisation contre Marine Le Pen en vue du second tour de la présidentielle le 7 mai, prévenant que sa défaite était loin d'être acquise. A l'image du candidat socialiste éliminé Benoît Hamon, du Premier ministre Bernard Cazeneuve, de François Hollande et du Parti socialiste, il a appelé "avec clarté, avec entrain" à voter pour son ancien collègue de Bercy Emmanuel Macron. Les premiers sondages réalisés depuis dimanche donnent un rapport de force de l'ordre de 60%-40% des intentions de vote pour Emmanuel Macron face à la candidate du Front national. "Le résultat de dimanche dernier ce n'est pas le résultat de dans quinze jours, il se construit", a prévenu Michel Sapin. "Chacun doit avoir en tête - y compris les principaux intéressés - que ce n'est pas encore fait, que ça n'est pas encore construit, que ça n'est pas encore acquis, que Madame Le Pen n'est pas encore battue et qu'il faut donc tous se mobiliser sans prendre des pincettes, sans prendre des précautions et appeler à voter pour Emmanuel Macron avec sérénité", a-t-il poursuivi. "PETITESSE" Le ministre de l'Economie et des Finances a fermement mis en garde contre le programme économique du Front national. "La volonté de se couper de l'Europe avec ce symbole, la sortie de l'euro, il faut que chacun le comprenne bien, ce n'est pas aux plus riches que ça ferait du mal, c'est aux plus pauvres, aux plus modestes", a-t-il déclaré. Se défendant de "cherche(r) à faire peur", Michel Sapin a estimé que "le repliement sur soi c'est de la destruction d'emplois, c'est de la destruction de pouvoir d'achat, c'est une France qui s'affaiblit, c'est une France qui s'affadit et ça nous n'en voulons pas". Michel Sapin a par ailleurs critiqué l'attitude de certaines figures de droite, où les divisions sont rapidement apparues sur la conduite à tenir en vue du deuxième tour et à l'approche des législatives. Rappelant les désistements socialistes en faveur de la droite pour contre le Front national lors des régionales de fin 2015 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est, Michel Sapin a dénoncé la "petitesse" de certains et salué ceux ayant "une expression claire et nette : pour battre Madame Le Pen, il faut voter Emmanuel Macron." Il a également critiqué l'attitude de Jean-Luc Mélenchon, évoquant une "faute morale". Le candidat de La France insoumise, quatrième du premier tour avec 19,58% des voix, a décidé de s'en remettre au choix de ses électeurs sur un éventuel appel à voter pour Emmanuel Macron au second tour. Michel Sapin, fidèle de François Hollande figure, avec d'autres ministres comme Stéphane Le Foll, Jean-Marc Ayrault, Marisol Touraine ou Myriam El Khomri, parmi les 160 figures socialistes ayant appelé dans une tribune publiée lundi soir sur le site du Monde à appuyer "sans aucune ambiguïté" le vote pour les ex-collègues de gouvernement. Le candidat socialiste Benoît Hamon a subi une défaite historique dimanche au premier tour de la présidentielle en arrivant en cinquième position avec 6,36% des suffrages, loin derrière les qualifiés du deuxième tour, Emmanuel Macron (24,01%) et Marine Le Pen (21,30%). (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)