Publicité

Les investisseurs retrouvent espoir en IBM

par Supantha Mukherjee et Sonam Rai

(Reuters) - Les résultats meilleurs que prévu d'IBM au troisième trimestre semblent témoigner que le pionnier mondial de l'informatique entrevoit le bout du tunnel après six années de difficultés, au prix d'un laborieux changement de priorités.

C'est en tout cas ce que paraissent croire les investisseurs, qui font bondir le titre de 9,19% à 160 dollars ce mercredi à 15h24 GMT à la Bourse de New York où il est de très loin le principal contributeur à la hausse du Standard & Poor's-500 (+0,05%) et du Dow Jones (+0,57%).

L'action, qui avait jusqu'à présent perdu près de 12% depuis le début de l'année, est en passe de connaître sa plus forte progression en pourcentage depuis 2009 et la capitalisation boursière d'IBM pourrait bondir d'environ 13 milliards de dollars (11 milliards d'euros) en une seule journée.

Les grands courtiers n'en sont toutefois pas encore à saluer une inversion complète de tendance pour "Big Blue" et aucun ne semble prêt à modifier sa recommandation. Citi et Barclays ont néanmoins relevé leur objectif de cours sur le titre.

"Après un premier semestre difficile, IBM a dévoilé un trimestre solide hier soir et nous continuons de penser que l'entreprise sortira de cette transition comme une entreprise technologique bien plus solide", écrit Brian White, de Drexel Hamilton, dans une note à ses clients.

Cet analyste a une recommandation à "achat" sur le titre avec un objectif de cours à 200 dollars.

Si IBM a eu plus de mal que d'autres, comme Oracle et Microsoft, à modifier son approche face à un marché en mutation, la performance trimestrielle de ses activités de logiciels a été remarquable, juge pour sa part John DiFucci, chez Jefferies.

CHANTIER EN COURS

Sous la direction de Ginni Rometty, IBM a mis l'accent ces dernières années sur le "cloud", la sécurité informatique et l'analyse de données pour prendre le relais de ses activités traditionnelles de logiciels et de matériel, dont le ralentissement a provoqué un recul du chiffres d'affaires du groupe sur 22 trimestres consécutifs.

Le chiffre d'affaires de ces nouvelles activités, que le groupe qualifie d'"impératifs stratégiques", a grimpé de 11% à 8,8 milliards de dollars au troisième trimestre et a représenté environ 46% des ventes totales du groupe.

Le chiffre d'affaires de l'activité de logiciels a progressé pour la première fois après 13 trimestres consécutifs de déclin.

"Nous avons été satisfaits de voir la qualité des résultats d'IBM s'améliorer, le bénéfice de la propriété intellectuelle et les impôts étant moins des moteurs à la hausse que lors des trimestres précédents", écrit dans une note Sherri Scribner, analyste chez Deutsche Bank, avant d'inviter toutefois à la prudence.

L'activité d'IBM reste fortement dépendante d'un modèle d'entreprise hérité du passé. "(Nous) voyons une poursuite des pressions sur les marges à long terme car l'activité d'IBM est mise sous la pression par la concurrence d'offres moins chères et du cloud", écrit-elle.

Sur les 25 analystes couvrant le titre, seuls six sont à "achat" ou à un niveau supérieur, 15 sont à "conserver" et quatre sont à "vendre" ou moins. Leur objectif de cours médian est de 154,50 dollars.

"En fin de compte, IBM reste dans une situation de 'chantier en cours' car il est encore en train de faire basculer sa base de revenus d'activités héritées du passé intenses en capital et en travail vers des solutions 'numérique' légères en capital et en travail", résume Moshe Katri, analyste chez Wedbush.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)