Les internautes grecs dénoncent un "coup d'Etat" de l'Allemagne

par Alastair Macdonald

BRUXELLES (Reuters) - La liste des réformes exigées de la Grèce par les autres pays de la zone euro pour pouvoir mettre en route les négociations sur un troisième plan de sauvetage a déclenché des réactions violentes contre l'Allemagne sur les réseaux sociaux.

#ThisIsACoup (C'est un coup d'Etat) était le deuxième hashtag sur Twitter dans le monde et le premier en Allemagne et en Grèce tandis que les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro continuaient à discuter lundi matin pour convaincre le Premier ministre grec Alexis Tsipras d'entreprendre des réformes douloureuses pour obtenir de nouveaux financements.

L'affaire a pris de l'ampleur quand le mot-clé a été salué par le prix Nobel d'Economie Paul Krugman, sur son blog du New York Times : "Le hashtag à la mode ThisIsACoup est tout à fait juste", écrit-il. "Cela va au-delà du sévère, vers l'envie de vengeance, la destruction totale de la souveraineté nationale et aucun espoir de soulagement."

"C'est conçu, on peut le supposer, pour être une proposition que la Grèce ne peut pas accepter, mais, même ainsi, c'est une trahison grotesque de tout ce que le projet européen était censé représenter", ajoute l'économiste.

La proposition de création d'un fonds basé au Luxembourg dans lequel seraient placés 50 milliards d'euros d'actifs à privatiser et dont les produits serviraient directement en rembourser la dette grecque, sans passer par Athènes, a été particulièrement critiquée sur internet.

Le hashtag semble être apparu dimanche dans la soirée, lancé par un certain Sandro Maccarrone, qui se présente comme professeur de physique de Barcelone. "La proposition de l'Eurogroupe est un coup d'Etat déguisé contre le peuple grec. #ThisIsACoup."

En quelques heures, il avait été utilisé près de 200.000 fois.

"Je ne peux soutenir une Europe qui agit comme un huissier brutal contre la Grèce. #Thisisacoup", a twitté Suzanne Moore, chroniqueuse pour le quotidien britannique The Guardian.

La députée allemande Barbara Lochbihler, qui représente les Verts au Parlement européen, a pour sa part twitté : "Ils parlent de confiance. Pour finalement rédiger une proposition qui est une pure humiliation. Brillante idée. #ThisIsACoup."

Dans les images associées au hashtag, figurent le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble marqué de la croix nazie et le drapeau bleu européen avec son cercle d'étoiles dorées réorganisées dans le même symbole nazi.

Des images de l'occupation de la Grèce par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ont aussi été diffusées.

(Avec Alexander Saeedy; Danielle Rouquié pour le service français)