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Les grandes enseignes s'engagent contre le gaspillage

Ségolène Royal a pressé jeudi la grande distribution de s'engager davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en France, en cessant notamment de "tromper" les consommateurs sur les dates de péremption. /Photo d'archives/REUTERS/Stefan Wermuth

PARIS (Reuters) - Ségolène Royal a fait état jeudi soir d'un accord avec la grande distribution sur une convention d'engagements volontaires pour mieux lutter contre le gaspillage alimentaire en France. La ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie avait convoqué les représentants des grandes enseignes qui, tout en s'offusquant d'être désignées en coupables, s'étaient déjà engagées à signer le document. "Cette convention est vraiment un événement très important", a-t-elle déclaré sur BFM TV. Selon le député socialiste Guillaume Garot, auteur d'un récent rapport sur le gaspillage alimentaire, chaque Français gâche par an entre 20 et 30 kilos de nourriture, dont sept kilos encore emballés, soit environ 100 euros. Selon le ministère de l'Ecologie, 31% des produits jetés sont des légumes, 19% des fruits, 24% des liquides, 12% des féculents et 4% de la viande et du poisson. Le Conseil constitutionnel a censuré en août, pour une question de procédure, une disposition sur le gaspillage dans la loi de transition énergétique qui prévoyait notamment d'interdire aux grandes surfaces de rendre les invendus impropres à la consommation. Selon Ségolène Royal, les enseignes se sont engagées à appliquer volontairement cette disposition, de même qu'à accepter l'obligation pour les magasins de plus de 400 m2 de signer des conventions avec des associations caritatives. L'interdiction pour les marques distributeur de faire des dons sera également levée et les dates de consommation "optimales", qui peuvent tromper le consommateur en l'incitant à jeter des produits consommables, seront supprimées. Si ces engagements sont respectés, il n'y aura pas de nouvelle loi, a ajouté Ségolène Royal. "POLITIQUE SPECTACLE" Les grandes enseignes, Auchan, le groupe Casino (Géant, Monoprix, Leader Price, Franprix, Monoprix...), Carrefour, Intermarché et Netto soulignent appliquer depuis plusieurs années des mesures anti-gaspillage, notamment le don à des associations caritatives. Dans une interview au Parisien, le PDG de l'enseigne E.Leclerc concède que la législation actuelle sur les dates de consommation doit être revue mais réprouve "la politique spectacle" de Ségolène Royal, qualifiée de "maîtresse d'école". "L"Etat est (...) sacrément gonflé d'exiger de la distribution un engagement sur ce qu'elle fait déjà", dit Michel-Edouard Leclerc. Selon la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), la grande distribution est le premier donateur aux associations avec 31% des dons et ne gaspille "que" 5 à 10% des aliments contre 15% pour la restauration et 70% pour les ménages. Michel-Edouard Leclerc a déclaré sur Europe 1 que son enseigne distribuait 26.000 tonnes de denrées alimentaires aux associations, dont 6.000 tonnes aux banques alimentaires. "Il faut que l'Etat s'engage. (...) Il faut doter ces associations. (...) Il manque des frigos, des camions, des bénévoles, probablement un peu de soutien salarial et organisationnel", a-t-il indiqué. Pour Serge Papin, PDG de Système U, l"invective" de Ségolène Royal est "injuste". "On trouve que c'est d'autant plus injuste (...) qu'on fait beaucoup de choses. La grande distribution dans son ensemble est le premier distributeur aux banques alimentaires, c'est quand même 120 millions de repas qui sont distribués chaque année, et c'est en croissance", a-t-il fait valoir sur RTL. (Sophie Louet)