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Les Ghanéens ont voté pour une élection présidentielle indécise

par Kwasi Kpodo et Matthew Mpoke Bigg ACCRA (Reuters) - Les Ghanéens se sont rendus aux urnes mercredi pour une élection présidentielle indécise, le chef de l'Etat sortant, John Mahama, sollicitant un second mandat de quatre ans dans un contexte de ralentissement économique. Peu de sondages ont été publiés durant la campagne présidentielle, mais les observateurs de la vie politique ghanéenne s'attendent à un résultat serré. John Mahama affronte six autres candidats, dont le chef de file de la principale formation d'opposition, le Nouveau Parti patriotique (NPP), Nana Akufo-Addo. "Tous les Ghanéens devraient exercer leur devoir civique et voter. Le destin de notre pays repose sur eux", a déclaré le président sortant après avoir glissé son bulletin dans l'urne à Bole, dans le nord du pays. Le dépouillement a débuté dans les 29.000 bureaux de vote dès leur fermeture à 17h00 GMT, mais les premiers résultats ne sont pas attendus avant jeudi. Si aucun prétendant n'obtient de majorité absolue, un second tour sera organisé d'ici trois semaines entre les deux candidats ayant recueilli le plus de suffrages. Les quelque 15,7 millions d'électeurs, sur une population de 26 millions d'habitants, sont également appelés à renouveler le Parlement qui compte 275 sièges. Le Ghana est souvent présenté comme un exemple de stabilité démocratique en Afrique de l'Ouest. Le scrutin est le sixième du genre depuis l'introduction du pluralisme en 1992. A deux reprises depuis 2000, des présidents sortants ont été éconduits sans éruption de violence. Des années durant, le Ghana a enregistré l'une des croissances les plus fortes du continent africain, mais l'effondrement à partir de 2014 des cours de matières premières a pénalisé ses exportations d'or, de pétrole et de cacao et provoqué une crise budgétaire qui a fait exploser les déficits et alimenté l'inflation. La monnaie locale, le cedi, a vu sa valeur fondre de moitié en deux ans, même si elle a montré cette année des signes de stabilisation. DES MILLIERS DE SCRUTATEURS Pour renouer avec la croissance et enrayer les dérapages budgétaires, le Ghana a sollicité un programme d'aide au Fonds monétaire international, qui s'est engagé à lui prêter 918 millions de dollars (855 millions d'euros) à condition qu'il fasse preuve de davantage de rigueur. Le parti au pouvoir, le Congrès national démocratique (NDC), défend le bilan du président Mahama, citant un retour attendu de la croissance au dessus de 8%, l'amélioration des infrastructures routières, des écoles et des hôpitaux. "Je vous demande humblement votre mandat mercredi afin d'achever le voyage que nous avons commencé ensemble", a déclaré lundi le chef d'Etat sortant. "Nous avons fait beaucoup de choses, mais il reste encore beaucoup à faire et nous ne pourrons accélérer qu'en maintenant le cap." Le NPP accuse le gouvernement d'avoir mal géré l'économie et dilapidé les ressources du pays, provoquant la hausse du chômage et de la pauvreté. "Je ne sollicite pas votre mandat pour amasser une fortune personnelle, ou pour empocher l'argent de l'Etat", a lancé dimanche Nana Akufo-Addo à des milliers de partisans réunis à Accra. "Au contraire, nous venons pour travailler au développement, mettre fin aux privations en créant de l'emploi et de la richesse pour notre peuple", a-t-il poursuivi. Les forces de sécurité ont été déployées en nombre à travers le pays et les différents partis politiques ont envoyé des milliers de scrutateurs pour surveiller le déroulement des opérations. Aucun incident majeur n'a été signalé. En 2012, le NPP, déjà conduit par Nana Akufo-Addo, avait contesté sa courte défaite devant la Cour suprême, ouvrant une période d'incertitude de huit mois. L'opposition a d'ores et déjà fait part de sa défiance à l'encontre de la commission électorale et de sa présidente, Charlotte Osei. (Nicolas Delame et Tangi Salaün pour le service français)