Publicité

Les frictions commerciales plongent les actions dans le rouge

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont nettement baissé lundi et Wall Street s'oriente vers un repli marqué, l'échange de sanctions douanières entre la Chine et les Etats-Unis limitant le goût des investisseurs pour les actifs risqués.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,93% à 5.450,48 points. Le Dax allemand a abandonné 1,36% mais le Footsie britannique a limité son repli à 0,03% grâce aux valeurs pétrolières.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,09%, le FTSEurofirst 300 de 0,79% et le Stoxx 600 de 0,83%.

Les indices européens avaient déjà fini la semaine en baisse vendredi après l'annonce par Washington de droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations en provenance de Chine.

Pékin n'a pas tardé à répondre du tac au tac en décidant d'imposer des tarifs douaniers de 25% sur 659 produits américains d'une valeur totale de 50 milliards de dollars.

"On assiste à l'escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine et aucun accord entre les deux ne se dessine", résume l'analyste David Madden (CMC Markets). "Aucun des deux ne veut céder et les investisseurs sont coincés au milieu".

En Europe, tous les secteurs ont fini en territoire négatif, à commencer par les plus sensibles aux tensions commerciales comme l'automobile, dont l'indice Stoxx a abandonné 0,96%.

ENGIE, LANTERNE ROUGE DU CAC

La chute la plus marquante du jour revient toutefois à Nexans qui a décroché de 16,03% après un avertissement sur ses résultats 2018. Le fabricant de câbles anticipe désormais un recul de son Ebitda annuel, attendu stable jusqu'à présent.

Toujours à Paris, Engie a reculé de 4,81%, la plus forte baisse du CAC 40 et de l'Eurofirst 300, après avoir averti d'un impact d'environ 250 millions d'euros sur son résultat net récurrent de 2018 de l'arrêt prolongé de certaines centrales nucléaires de sa filiale belge Electrabel.

A la baisse également, Pernod Ricard (-1,94%) a été pénalisé par l'abaissement de la recommandation de RBC, qui se dit sceptique sur la capacité du groupe à augmenter sa rentabilité en dépit de la perspective d'une progression des ventes..

Le britannique Cobham (+4,58%, en tête du Stoxx 600), a bénéficié à l'opposé d'un avis positif de Morgan Stanley.

Royal Dutch Shell, en hausse de 1,49%, et BP (+1,20%) ont soutenu la Bourse londonienne, profitant du rebond des cours du pétrole.

Le baril de Brent est reparti à la hausse pour repasser 74 dollars mais la prudence reste de mise à quatre jours de la réunion des pays de l'Opep et de plusieurs autres grands producteurs de brut, vendredi à Vienne, qui pourrait déboucher sur une modification de leur politique commune de production.

Le regain d'aversion au risque favorise un repli vers les actifs refuges comme les obligations souveraines, le yen ou encore l'or.

DRAGHI VA PARLER

Le recul des rendements des emprunts d'Etat reste cependant limité. Celui des Treasuries à 10 ans est revenu vers 2,92% après un pic à 3,01% la semaine dernière. Celui du Bund allemand de même échéance s'est stabilisé autour de 0,4% après avoir reflué dans le sillage des annonces prudentes faites jeudi par la Banque centrale européenne (BCE).

Les investisseurs suivront de près les débats du Forum annuel de la BCE à Sintra, au Portugal, qui se tient jusqu'à mercredi. Ils espèrent obtenir plus de précisions sur l'arrêt projeté d'ici la fin de l'année du programme de rachats d'actifs de la banque centrale.

Le président de la BCE, Mario Draghi, s'exprimera à 19h00 GMT avant une nouvelle intervention prévue mardi à 08h00 GMT.

Sur le marché des changes, l'euro recule un peu, repassant sous 1,16 dollar après avoir perdu 1,35% sur l'ensemble de la semaine dernière.

Le dollar progresse légèrement de son côté face à un panier de devises de référence, se maintenant à proximité d'un pic de sept mois touché vendredi.

A l'heure de la clôture en Europe, le Dow Jones perd 0,59%.

Aux valeurs, Intel recule de 3,87%, plus forte baisse du Dow Jones, pénalisé par un abaissement de recommandation de Northland Securities à "sous-performance".

La seule hausse nette au sein de l'indice est pour Chevron (+ 1,92%), qui profite du rebond des prix du pétrole et d'un relèvement du conseil de Raymond James à "surperformance".

(Édité par Véronique Tison)