Les Français vont-ils totalement abandonner le Livret A ?

Le Livret A, "un comportement de bon sens qui va perdurer" (Photo by DENIS CHARLET / AFP)

Le 1er février prochain, le taux du Livret A passera de 0,75% à 0,5%. Du jamais vu pour l’un des produits d’épargne préféré des Français. Suffisant pour en détourner les Français ? Pas sûr.

Par la voie de son ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, le gouvernement a annoncé la semaine dernière que le taux de rémunération du Livret A sera abaissé à 0,5% à compter du 1er février 2020. Jamais le produit vedette de l’épargne, encore détenu par 55 millions de Français, ne rapportera aussi peu.

Dans un entretien accordé au Parisien, le ministre de l'Économie a défendu cette baisse et incité les Français à se tourner vers d’autres placements. Interrogé par Yahoo, Jonathan Marie, membre du collectif des Économistes atterrés et Maître de conférences à l’Université Paris 13, énumère les alternatives au Livret A : “Les placements les plus sûrs sont ceux des livrets réglementés : LDDS, Livret jeune et LEP”.

  • LLDS : Le Livret de développement durable et solidaire. Anciennement appelé LDD - Livret de développement durable -, son fonctionnement se rapproche beaucoup de celui du Livret A. Son taux d’intérêt actuel est de 0,75% par an. Il est accessible à toute personne majeure qui a son domicile fiscal en France. Son plafond est fixé à 12.000 euros.

  • Livret jeune : Comme son nom l’indique, il concerne les jeunes de 12 à 25 ans résidant en France. Le plafond du livret jeune est de 1.600 euros et son taux de rémunération ne peut être inférieur à 0,75%.

  • LEP : Le Livret d’épargne populaire. Il est réservé aux foyers les plus modestes (plafond de revenu de 19 977 euros pour une part de quotient familial). Son taux passera de 1,25% à 1% à partir du 1er février 2020. Son plafond est fixé à à 7.700 euros.

“L’épargne réglementée n’est absolument pas rémunératrice”

Sans risques, sans impôts, sans contributions sociales et disponibles à tout moment, ces alternatives au Livret A restent des placements indispensables pour gérer votre trésorerie. Mais ne comptez pas sur eux pour faire fortune. “Le problème est que l’épargne réglementée, la moins risquée, n’est absolument pas rémunératrice. Le ministre encourage donc les Français à se tourner exclusivement vers des placements risqués. Cela signifie qu’en cas de retournement financier, les pertes en capital seraient massives”, explique Jonathan Marie.

Pour l’économiste, l’hypothèse d’un déclassement du Livret A poserait un problème majeur : “Les fonds à disposition des offices HLM seraient réduits, alors qu’on prétend que la baisse de la rémunération du livret A permettra de financer les rénovations et la construction de logements sociaux à moindre coût”.

Les Français les plus modestes vont en pâtir

Si la CGT dit craindre la “mort programmée du Livret A”, les Français pourraient bien ne pas s’en détourner de sitôt. “Déposer son argent sur le Livret A est un comportement de bon sens qui va perdurer. Tout un chacun souhaite maintenir immédiatement disponible une partie de son épargne et surtout ne pas prendre de risque sur une partie de son épargne pour ne pas être complètement rincé en cas de problème”, décrypte Jonathan Marie.

Mécaniquement, ce sont les ménages les plus modestes qui vont être le plus pénalisé par la baisse du taux du Livret A comme le souligne l’économiste atterré : “Moins on est riche, plus la part de l’épargne sous forme de placements liquides et faiblement rémunérateurs est élevée. Ce sont donc bien les Français les moins riches qui sont pénalisés par la baisse des rémunérations des livrets réglementés”.

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