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Les forces syriennes attaquent près d'Alep, tractations à Genève

par Tom Miles, John Irish et Tom Perry GENEVE/BEYROUTH (Reuters) - Les forces gouvernementales syriennes ont lancé lundi une attaque au nord d'Alep pour s'emparer d'une route ravitaillant la grande ville du nord-ouest de la Syrie, alors que les tractations se poursuivent pour l'ouverture de pourparlers de paix à Genève. En Suisse, les discussions ont repris vers 17h00 entre une délégation de l'opposition et l'envoyé spécial des Nations unies Staffan de Mistura, qui espère toujours lancer des négociations entre le gouvernement du président Bachar al Assad et ses opposants. Bachar al Djaafari, le chef de la délégation gouvernementale, s'est dit prêt dimanche à discuter de mesures humanitaires, cessez-le-feu ou libération de détenus, mais il a laissé entendre que ces mesures pourraient n'intervenir que comme résultat des négociations, et non avant leur lancement. Les discussions en cours à Genève représentent la tentative la plus aboutie depuis deux ans pour relancer des pourparlers visant à faire cesser la guerre civile syrienne, qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de déplacés. L'opposition, qui a accepté vendredi soir de se rendre sur les rives du Léman après avoir reçu, dit-elle, des garanties de voir la situation s'améliorer sur le terrain, souligne cependant que le conflit n'a connu aucun répit depuis cette date. Les forces gouvernementales et ses alliées, dont les milices chiites, ont ainsi intensifié leurs offensives sur plusieurs secteurs de l'ouest de la Syrie. La région du nord d'Alep, ville dont rebelles et loyalistes se partagent le contrôle, n'avait plus connu de grande offensive gouvernementale depuis près d'un an. "L'attaque a débuté à 02h00 du matin, par des raids aériens et des tirs de missiles", a déclaré Ahmed al Seoud, un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL), joint dans la province voisine d'Idlib. "Nous avons obtenu de l'Amérique et des Saoudiens des garanties pour participer aux négociations (...) (mais) le régime ne fait preuve d'aucune bonne volonté", a-t-il déploré. Des renforts ont été envoyés par l'ASL près du village de Bachkoy, a-t-il précisé. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les forces gouvernementales, appuyées par les milices chiites et l'aviation russe, gagnent du terrain dans ce secteur et elles ont capturé la majeure partie du village de Douweir al Zeitoune, proche de Bachkoy. Selon l'Observatoire, des dizaines de frappes aériennes ont visé la zone lundi matin. ESCALADE Farrah Atassi, une déléguée du Haut Conseil des négociations (HCN), principal organe de l'opposition à Genève, créé le mois dernier en Arabie saoudite par des partis politiques et des groupes armés de la rébellion, a estimé qu'il devenait difficile pour l'opposition de justifier sa présence à Genève dans le contexte d'escalade militaire des forces loyalistes. "Aujourd'hui, nous allons encore et encore faire valoir auprès de M. De Mistura, pour la millième fois, que l'opposition veut mettre fin aux souffrances du peuple syrien", a-t-elle dit. "Nous ne pouvons demander à l'opposition syrienne d'engager une quelconque négociation avec le régime face à une telle escalade." Selon un haut diplomate occidental, "l'opposition veut tout de suite des choses visibles et tangibles, mais il y a des choses qui ne peuvent pas être obtenues de manière réaliste, comme la cessation des bombardements. Il est évident que c'est trop difficile. Les compromis les plus faciles portent sur la libération des civils et des enfants." Le HCN réclame l'arrêt des bombardements des populations civiles, la levée du blocus des villes assiégées et la libération de quelque 3.000 femmes et enfants qui seraient détenus dans les prisons syriennes, des points qui figurent dans la résolution 2254 adoptée à l'unanimité le 18 décembre par le Conseil de sécurité de l'Onu. Selon un nouveau bilan publié lundi en début de journée par l'OSDH, le bilan de l'attentat suicide revendiqué par l'organisation de l'Etat islamique dimanche à Damas, dans un quartier abritant le mausolée chiite le plus sacré de Syrie, celui de Sayeda Zeïnab, s'élève à plus de 70 morts. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)