Publicité

Les forces irakiennes ont commencé à bombarder Mossoul-Ouest

par Dominic Evans et Ahmed Rachid BAGDAD (Reuters) - Les forces irakiennes soutenues par les pays occidentaux ont commencé à bombarder des quartiers ouest de Mossoul en préparation d'un nouveau front alors que la bataille pour le contrôle de la grande ville du nord de l'Irak, tenue par l'Etat islamique, est entrée lundi dans sa huitième semaine. Les forces de la police fédérale irakienne, stationnées à quelques kilomètres au sud de Mossoul, sur la rive ouest du Tigre qui sépare la ville en deux, veulent pouvoir avancer vers l'aéroport en bordure sud-ouest. En ouvrant un deuxième front à Mossoul, les militaires qui commandent l'offensive espère accentuer la pression sur les quelques milliers de djihadistes qui ont déployé des kamikazes, snipers et autres moyens de défense contre les troupes irakiennes d'élite dans les quartiers est. Les djihadistes contrôlent encore les trois quarts de la ville où vivent encore un million de personnes. Joints au téléphone dans les quartiers ouest, des habitants signalaient lundi des tirs au mortier, les premiers dans le secteur. "Environ dix obus sont tombés sur le quartier, venant du sud, alors que les forces irakiennes approchaient (...) au cours des dernières 24 heures", a déclaré un habitant du quartier d'Al Djadida de Mossoul dimanche soir. "Cela a causé la panique chez les civils parce que c'est la première fois que cela se produit dans notre quartier." Les gens ayant peur de quitter leur domicile à cause de ces bombardements, un couvre-feu de fait a été instauré, précise-t-il. "Un des obus a explosé à 100 mètres de chez nous. Il a tué trois jeunes et fait des blessés", a dit cet habitant. ARTILLERIE FRANÇAISE Dans le quartier voisin de Mansour, un habitant estime que les tirs d'artillerie sont de mauvais augure. Il dit craindre "une nouvelle catastrophe humanitaire, comme ce qui s'est passé dans les quartiers est". Selon un policier irakien joint sur la ligne de front au sud-ouest de Mossoul, les roquettes et autres projectiles de la police n'atteignent pas encore la ville. On ajoute toutefois de source militaire que l'artillerie française, qui soutient les unités de la police, est active dans le sud, tandis que les avions de la coalition internationale menée par les Etats-Unis effectuent aussi des frappes. Selon un autre habitant de Mossoul, il y a eu lundi des frappes aériennes "constantes" contre des objectifs autour de l'aéroport et dans le quartier de Tel Roman en bordure sud-ouest de la ville. De leur côté, les djihadistes sont aussi en mouvement. Certaines personnes disent avoir vu 40 à 50 pick-ups hérissés de lance-roquettes en train de quitter Wadi Agab, une zone industrielle en bordure ouest de la ville visée par les frappes, pour se diriger vers les quartiers résidentiels plus près de ce qui devrait devenir la nouvelle ligne de front. Un commerçant près de la zone industrielle dit avoir vu une longue file de camions quitter le secteur dimanche. "Ce matin, n'ai pas vu encore d'autre véhicules qui partaient", dit-il. "J'ai compté au moins 50 camions." L'attaque à partir du sud, qui tarde à venir, a pour objectif de soulager les troupes du service irakien de lutte anti-terroriste (CTS), qui sont à la pointe des combats dans la partie est de Mossoul depuis un mois et qui sont en première ligne dans les combats avec des djihadistes. "FORCES HÉROÏQUES" Les officiers racontent une guerre urbaine meurtrière, face à des centaines de tireurs embusqués et de kamikazes qui veulent commettre des attentats à la voiture piégée, sans oublier le réseau de tunnels creusé par les djihadistes pour lancer des contre-offensives surprises. La présence des civils dans toutes la ville ralentit également leur progression. Au rythme actuel, la bataille devrait continuer en 2017. Les commandants irakiens disent avoir tué un millier des 5.000 à 6.000 combattants de l'EI qui, selon les estimations, se trouvaient à Mossoul au début de l'offensive. L'armée irakienne ne donne pas de chiffre concernant ses pertes. Selon un bilan fourni la semaine dernière par les Nations unies, près de 2.000 membres des forces de sécurité irakiennes ont été tués en Irak en novembre. L'armée irakienne poursuit néanmoins sa progression et le secrétaire américain à la défense Ash Carter a déclaré lundi que Mossoul pourrait bien être reprise avant l'entrée en fonction du prochain président des Etats-Unis Donald Trump le 20 janvier. Sabah al Noumani, porte-parole des CTS, a annoncé qu'elles étaient entrées lundi matin dans le quartier de Barid, situé dans la partie est de Mossoul. "Nos forces héroïques ont porté le combat dans les rues à al Barid depuis les premières heures du matin dans le but de contrôler le quartier. Les combats se poursuivent", a-t-il déclaré. Les combats à Barid font suite à une série de contre-attaques de l'EI depuis vendredi soir dans l'est, le sud et l'ouest de la ville. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit lundi avoir livré des médicaments et du matériel médical pour 13.000 personnes dans les quartiers est de Mossoul. (Avec Saif Hamid à Bagdad et Isabel Coles à Erbil; Danielle Rouquié pour le service français)