Publicité

Le siège du gouvernement provincial repris à Mossoul

Les forces spéciales irakiennes ont pris le contrôle vendredi d'une partie du vaste complexe de l'Université de Mossoul et ont investi le siège du gouvernement de la province de Ninive sur lequel elles ont hissé le drapeau irakien. /Photo prise le 12 janvier 2017/REUTERS/Alaa Al-Marjani

par Isabel Coles MOSSOUL, Irak (Reuters) - Les forces spéciales irakiennes ont pris le contrôle vendredi d'une partie du vaste complexe de l'Université de Mossoul et ont investi le siège du gouvernement de la province de Ninive sur lequel elles ont hissé le drapeau irakien, a annoncé un responsable de la Défense américaine. "C'est à la fois une victoire symbolique et un succès opérationnel important", a commenté Elissa Slotkin, adjointe du secrétaire américain à la Défense chargée des affaires de sécurité internationales. Les unités d'élite irakiennes ont également atteint deux nouveaux ponts enjambant le Tigre, le fleuve qui traverse Mossoul en son milieu, a précisé l'armée. De violents affrontements ont lieu sur le campus, que les djihadistes de l'Etat islamique ont conquis avec le reste de la ville en juin 2014, a constaté une journaliste de Reuters. Depuis le début de l'opération de reconquête de Mossoul le 17 octobre dernier, les forces irakiennes ont repris l'essentiel de la partie orientale de la grande ville du nord de l'Irak. Elles cherchent désormais à contrôler toute la rive gauche du Tigre, qui coupe Mossoul en deux du nord au sud, avant de pouvoir lancer des attaques vers la partie ouest toujours fermement contrôlée par les insurgés. "Si Dieu le veut, nous annoncerons très prochainement la fin du nettoyage de la rive gauche du Tigre", a déclaré Sabah al Nouman, un porte-parole des unités d'élite du Service de contre-terrorisme (CTS), à la télévision irakienne. Les forces gouvernementales tiennent désormais les trois ponts les plus au sud de la ville, sur les cinq que compte Mossoul. L'Université constitue selon Sami al Aridhi, haut gradé du CTS, la plus importante base de l'EI dans l'est de Mossoul. "L'opération qui a pris les terroristes par surprise aujourd'hui, c'est l'assaut contre l'université", a-t-il dit. Il a expliqué que les hommes du CTS s'étaient emparés d'une colline qui domine certaines parties du campus. Des bulldozers ont démoli un mur cernant le campus et des dizaines de membres du CTS se sont engouffrés dans la brèche, équipés de lance-grenades. Des unités de l'armée ont également repris, avec le soutien de frappes aériennes, le contrôle du quartier de Hadba, situé au nord de l'université. Plus au sud, d'autres unités du CTS ont atteint le Deuxième Pont, également nommé Pont de la liberté, et le Vieux Pont, ou Pont de fer, l'un des cinq ouvrages enjambant le Tigre à Mossoul. NOUVELLES TACTIQUES Tous les ponts de Mossoul ont été touchés par des frappes des avions de la coalition sous commandement américain engagée en soutien aux forces de Bagdad. L'objectif était de freiner la circulation des djihadistes de l'EI dans la ville. La bataille de Mossoul mobilise 100.000 soldats irakiens, peshmergas kurdes et miliciens chiites. Les forces irakiennes ont repris leur progression dans Mossoul fin décembre, après avoir été bloquées pendant des semaines par de violents combats de rue face à des djihadistes mêlés à la population. L'offensive a repris de la vigueur grâce au recours à de nouvelles tactiques, comme des raids nocturnes, et de meilleurs dispositifs de défense contre les attentats suicides à la voiture piégée, expliquent officiers irakiens et américains. L'amélioration de la coordination entre les unités d'élite comme le CTS et l'armée régulière a également joué un rôle important, note un diplomate occidental. "Quand (l'Etat islamique) se déplace pour affronter le CTS, l'armée régulière en profite pour attaquer ses défenses dégarnies", dit-il. Selon lui, la sécurisation de la rive gauche du Tigre est capitale. "Une fois arrivé au fleuve, on peut lentement les étouffer, car on peut couper les lignes de communication", déclare ce diplomate. (Avec John Davison et Saif Hameed à Bagdad; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Jean-Philippe Lefief)