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Les fonds prêts à vider leur portefeuille pour Alibaba

par Deepa Seetharaman et Ryan Vlastelica

SAN FRANCISCO/NEW YORK (Reuters) - Les prochains débuts à Wall Street d'Alibaba conduisent les investisseurs à examiner leur portefeuille pour y faire de la place.

L'offre publique de vente (IPO) du géant chinois du commerce en ligne, qui pourrait dépasser les 16 milliards de dollars (12 milliards d'euros) et battre ainsi un record pour une entreprise de technologie, est attendue à partir de la mi-septembre, au terme d'une tournée promotionnelle de deux semaines auprès des investisseurs ("roadshow") prévue dans la première quinzaine.

L'appétit des fonds d'investissement est tel qu'il sont prêts à se débarrasser pour l'occasion d'actions peu en vogue à Wall Street, notamment celles du grand rival d'Alibaba, Amazon, explique Jim O'Donnell, responsable de l'investissement à Forward, qui gère pour cinq milliards de dollars d'actifs.

"Toute entreprise dont les résultats sont inférieurs aux attentes et les prévisions peu excitantes risque d'être considérée comme un candidat à la vente pour faire de la place pour un tel morceau de choix", dit-il.

"Même s'il n'y aura pas de renouvellement de fond en comble des portefeuilles, j'imagine qu'Amazon fait partie de ceux qui pourraient en faire les frais", ajoute-il.

UN GORILLE À WALL STREET

Amazon, dont l'action a perdu 17% depuis le début de l'année, souffre à Wall Street parce que ses bénéfices ont fondu, en raison notamment d'investissements massifs dans tous les sens, des émissions de télévision aux drones en passant par les smartphones.

La marge d'exploitation d'Amazon sur les 12 derniers mois se situe autour de 0,8% tandis que celle d'Alibaba, à en croire son dossier d'IPO, a atteint 47,5% sur l'année fiscale 2014 achevée en mars.

Les concurrents chinois d'Alibaba comme le moteur de recherche Baidu ou le portail internet Tencent ont également du souci à se faire. Les gérants de fonds considèrent en effet Alibaba, qui draine 80% du commerce chinois en ligne, comme une meilleure porte d'entrée vers la deuxième économie du monde.

"C'est un gorille d'une tonne qui s'invite à la Bourse", résume Michael Reynal, gérant chez RS Investments.

Les conséquences de l'IPO d'Alibaba sont multiples. Les investisseurs se demandent par exemple que faire de Yahoo, qui tire bien son épingle du jeu à Wall Street et détient une participation de 22,5% dans Alibaba.

Les investisseurs écartés de l'IPO d'Alibaba pourraient se rabattre sur Yahoo pour profiter tout de même de la croissance du géant chinois. La même réflexion vaut pour l'opérateur de téléphonie mobile japonais Softbank, qui possède 34% d'Alibaba.

(Patrick Vignal pour le service français, édité par Véronique Tison)