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Les Européens veulent une réduction de 35% du CO2 automobile d'ici 2030

LUXEMBOURG (Reuters) - Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne, réunis à Luxembourg et profondément préoccupés par le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), ont convenu de fixer comme objectif une réduction de 35% des émissions de CO2 des voitures et utilitaires d'ici à 2030.

L'Allemagne, place forte de l'industrie automobile, salue et approuve cet objectif, a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement à Berlin, où l'on soutenait jusqu'ici un objectif de 30% de réduction d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2021.

Interrogé sur l'accord, dont les termes sont moins ambitieux que ne le souhaitaient certains Etats membres, Angela Merkel l'a jugé "défendable", notamment parce qu'il doit être revu à terme.

"Il y a une clause de révision pour 2021 parce que la vitesse à laquelle nous pouvons réduire nos émissions de dioxyde de carbone dépend de la part de marché des véhicules électriques et d'autres voitures dotées d'un système de propulsion alternatif", a expliqué la chancelière.

Bernard Mattes, président de l'Union de l'industrie automobile allemande (Verband der Automobilindustrie, VDA) trouve en revanche "plus que regrettable" que les Etats membres n'aient pas trouvé "l'équilibre entre défense de l'emploi et protection du climat".

Partagés entre leur volonté de réduire la pollution et de préserver la compétitivité du secteur automobile, les ministres de l'Environnement de l'UE ont échangé pendant plus de 13 heures pour parvenir à un accord mardi peu avant minuit.

"Nous avons eu une discussions vraiment compliquée", a déclaré Miguel Arias Canete, commissaire européen au Climat et à l'Energie, à l'issue du vote.

Le compromis, proposé par l'Autriche - qui assure la présidence tournante de l'UE - dans l'espoir de trouver un accord dès mardi, a été adopté par 20 voix pour et quatre contre. Quatre Etats membres se sont abstenus.

Le texte final doit désormais être discuté à partir de mercredi avec les membres du Parlement européen, favorables à un objectif plus ambitieux, et la Commission européenne, qui a proposé un seuil plus bas.

Dans un communiqué commun diffusé pendant le conseil de Luxembourg, les ministres ont noté que l'Union européenne était "profondément préoccupée" par le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Publié lundi, le document de ce panel dépendant des Nations unies prévient que les températures moyennes progresseront probablement de 1,5°C entre 2030 et 2052 si le monde échoue à entreprendre des mesures rapides et sans précédent pour enrayer le réchauffement climatique.

La Commission européenne a proposé de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour le secteur automobile de 30% d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2021.

L'Allemagne suggérait au départ d'en rester là. "Après le rapport (du GIEC) d'hier, ce n'est pas facile, mais c'est une position sur laquelle nous nous sommes tous accordés", a expliqué la ministre allemande, Svenja Schulze.

Dix-sept pays, dont la France et les Pays-Bas, se disent cependant favorables à un objectif à 40%, comme l'a proposé le Parlement européen la semaine dernière.

Le rapport du GIEC, a déclaré le ministre français, François de Rugy, est un "appel à agir".

(Daphne Psaledakis avec Peter Maushagen et Alissa de Carbonnel à Bruxelles; Arthur Connan, Henri-Pierre André, Jean Terzian et Jean-Philippe Lefief pour le service français)