"Les Européens doivent rester unis face à Trump"

Que peuvent espérer les Européens après ces élections américaines de mi-mandat ? Nous avons demandé l'avis d'Eric Maurice, le chef du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert-Schuman à Bruxelles. Eric Maurice : "Ces élections changent le rapport de force à l'intérieur (des États-Unis) mais à l'extérieur, le président reste le principal responsable de la politique extérieure et de la politique commerciale, d'autant que le sénat est la plus forte des deux chambres. Pour les Européens cela risque de ne pas changer grand chose malheureusement". Depuis la rencontre en juillet dernier entre Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne et Donald Trump, la menace de nouvelles sanctions contre les voitures européennes exportées aux États-Unis reste en suspens. La guerre commerciale avec les européens reste toujours possible ? Eric Maurice : "On peut espérer qu'elle n'ait pas lieu mais il ne faudrait pas trop se faire d'illusion parce que Trump laisse cette épée de Damoclès au dessus de la tête des Européens et il aura toujours besoin de montrer sa puissance à l'intérieur comme à l'extérieur des États-Unis, il aura besoin d'obtenir des résultats. Les Américains ont déjà prévenu que les Européens devaient faire des concessions et qu'ils devaient ouvrir de plus larges négociations. On peut donc craindre (l'instauration) des tarifs sur les voitures européennes et notamment allemandes." Rien ne devrait donc changer pour les Européens à l'issue de ces élections ? Eric Maurice : "Les Européens peuvent essayer de jouer de la relative faiblesse de Donald Trump maintenant que la chambre des représentants est passée aux démocrates mais il va falloir faire très attention parce que sur beaucoup de questions les Européens sont livrés à eux-mêmes sur l'Iran, sur l'Accord de Paris sur le climat et même sur le commerce ils sont seuls face à Trump, face à la Maison Blanche, il faut surtout rester unis et avoir un projet clair et essayer de défendre leurs intérêts face à Donald Trump sans compter sur les démocrates pour les sauver dans les négociations à venir qui seront difficiles avec le président américain." Le président américain ne profite-t-il pas des faiblesses structurelles de l’Europe à l’heure du Brexit et face à la montée des nationalismes ? Eric Maurice : "Il profite des incertitudes qui ont suivi le Brexit, il profite des divisions liées au problème migratoire mais malgré tout les Européens sont restés unis notamment sur les questions commerciales face à ces tarifs sur l'acier et l'aluminium, face à la menace sur les voitures, ils n'ont pas essayé de trouver des accords bilatéraux puisque le commerce c'est à 27 (ou à 28 avec le Royaume-Uni) et donc face à cela, Trump n'a pas réussi à diviser les Européens. Par contre avec les élections européennes il essaye d'encourager la montée des partis eurosceptiques, des partis anti-européens et là encore il va falloir que les dirigeants européens, que les gouvernements européens fasse un effort pour rester unis pour avoir un objectif clair et surtout garder une méthode claire face à Donald Trump et aux États-Unis." Propos recueillis par Christophe Garach