Les Européens affichent leur unité sur le Brexit et l'Espagne

Les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont exprimé jeudi leur unité sur la négociation du Brexit et, pour certains d'entre eux, leur soutien à l'Espagne, confrontée à la délicate situation catalane, lors du Conseil européen à Bruxelles. /Photo prise le 18 octobre 2017/REUTERS/François Lenoir

par Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont exprimé jeudi leur unité sur la négociation du Brexit et, pour certains d'entre eux, leur soutien à l'Espagne, confrontée à la délicate situation catalane, lors du Conseil européen à Bruxelles.

La Première ministre britannique, Theresa May, a dit qu'elle présenterait à ses homologues des "plans ambitieux" pour progresser dans les semaines à venir, jugeant "urgent de parvenir à un accord sur les droits des citoyens".

Une déclaration saluée par les Européens, qui refuseront cependant vendredi d'ouvrir la seconde phase des négociations du Brexit, en raison de progrès insuffisants sur les sujets préalables - expatriés, frontière irlandaise et reste à payer.

Les Vingt-Sept devraient faire un geste en direction du Royaume-Uni, en décidant de commencer à travailler entre eux sur cette seconde phase, cruciale pour Londres, qui porte sur les modalités de la transition post-Brexit et les relations futures.

Ils devraient dans le même temps inviter Londres à concéder davantage sur les points cruciaux de la première phase afin de pouvoir ouvrir la seconde au Conseil européen de décembre.

"Ce Conseil européen sera marqué par un message d’unité", a dit le président français, Emmanuel Macron, à son arrivée.

"Unité autour de nos Etats membres face aux crises qu’ils peuvent connaître, unité autour de l’Espagne, et unité aussi très forte dans la discussion du Brexit : nous sommes tous unis sur les constats, les intérêts et les ambitions", a-t-il ajouté.

Theresa May doit clairement indiquer quels engagements financiers la Grande-Bretagne est prête à prendre, a résumé le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

CRISE EN ESPAGNE

Après l'annonce du gouvernement espagnol qu'il pourrait activer samedi l'article 155 de la Constitution, qui permettra de suspendre l'autonomie politique de la Catalogne, Angela Merkel a dit espérer une solution "sur la base de la Constitution espagnole".

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déclaré que la situation en Espagne était une source d'inquiétude mais que l'Union européenne n'avait nullement l'intention d'intervenir.

L'UE ne peut pas résoudre cette crise, a-t-il dit. "Les pays membres sont clairs là-dessus, il n'existe aucun espace pour la moindre médiation."

Donald Tusk dira vendredi aux dirigeants comment il compte organiser les discussions sur les réformes de l'Union européenne, après les propositions d'Emmanuel Macron.

Ce dernier a salué l'action de Donald Tusk, qui permettra selon lui "d'avoir dans les prochaines semaines et les prochains mois (...) des vraies discussions et des vraies conclusions pour permettre de relancer notre Europe sur l’ensemble des piliers de souveraineté, d’unité et de démocratie que j’avais pu évoquer".

L'entourage du président français a pris acte de la proposition de Donald Tusk d'organiser des réunions thématiques lors des deux prochaines années mais a souhaité que les grands sujets soient discutés une première fois "idéalement d'ici l'été 2018".

IRAN, CORÉE DU NORD ET TURQUIE

Les dirigeants européens ont examiné jeudi les travaux en cours sur la défense, les migrations et le numérique.

Les progrès sur la défense permettront de lancer d'ici fin 2017 la "coopération structurée permanente", qui permettra aux Etats qui le souhaitent de collaborer davantage, selon des participants, et d'avancer vers la mise en place d'un fonds européen de défense.

Sur les migrations, Donald Tusk a annoncé qu'un soutien accru à l'Italie avait été décidé pour ses initiatives visant à réduire le nombre des départs depuis la Libye, et que les difficiles discussions sur la réforme des règles de l'asile reprendraient en décembre avec l'objectif d'aboutir mi-2018.

Les chefs d'Etat et de gouvernement devaient discuter de la situation iranienne, dans le contexte d'une fragilisation de l'accord nucléaire par le président américain, Donald Trump, de la crise nord-coréenne, et des relations avec la Turquie.

Angela Merkel a appelé ses partenaires à réduire le soutien financier accordé à la Turquie dans le cadre de sa procédure d'adhésion à l'UE, en raison de la dérive autoritaire du régime.

"Tout l'Etat de droit en Turquie avance dans la mauvaise direction. Cela nous inquiète beaucoup", a-t-elle déclaré.

La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a renouvelé le soutien du bloc à l'accord sur le nucléaire iranien et souligné que les sanctions contre la Corée du Nord avaient été durcies lundi par les Européens.

Emmanuel Macron devait par ailleurs presser ses homologues de travailler sur la politique commerciale d'ensemble de l'Union européenne, dans le contexte de négociations avec le Mercosur (marché commun sud-américain), dont certains points sont critiqués par la France.

(avec Alastair Macdonald, Gabriela Baczynska, Noah Barkin, Jan Strupczewski et le bureau européen de Reuters)