Les États-Unis dans leur troisième journée de "shutdown"

par Amanda Becker et Richard Cowan

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis sont éntrés lundi dans leur troisième journée de "shutdown", républicains et démocrates n'ayant pu se mettre d'accord pour sortir de la paralysie partielle dans laquelle se trouve le gouvernement fédéral américain depuis vendredi minuit.

Le Sénat américain a programmé un vote lundi à midi (17h00 GMT) portant sur un accord budgétaire temporaire qui permettrait le financement jusqu'au 8 février du gouvernement fédéral.

Le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a tendu dimanche la main aux démocrates en s'engageant à débattre des questions d'immigration au plus tard au début du mois de février.

Les démocrates insistent en effet pour que tout texte prolongeant le financement des dépenses à court terme de l'administration fédérale inclue une protection pour les jeunes migrants clandestins qui bénéficient pour quelques semaines encore d'un programme mis en place en 2012 par Barack Obama.

En vertu du Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), près de 700.000 jeunes clandestins, les "Dreamers", entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents, sont protégés de toute expulsion des Etats-Unis et autorisés à travailler légalement. Donald Trump a annoncé en septembre dernier la suppression du Daca à compter du 5 mars.

On ignore si un nombre suffisant de démocrates prévoient de voter les financements à court terme du gouvernement fédéral.

Les règles en vigueur prévoient une "super majorité" de 60 voix pour que le Sénat, où siègent 100 élus, passe outre les possibles blocages et adopte un texte lié aux questions budgétaires. Le Parti républicain dispose de 51 élus au Sénat.

ACCUSATIONS CROISÉES

Cette année étant une année électorale, avec renouvellement de la totalité des sièges de la Chambre des représentants et d'un tiers des sénateurs en novembre, démocrates et républicains s'appliquent à tenter de convaincre l'opinion publique que la responsabilité de ce "shutdown" incombe au camp adversaire.

Il s'agit de la première paralysie du gouvernement fédéral américain depuis celle qui avait duré seize jours en octobre 2013, sous la présidence de Barack Obama.

Un an jour pour jour après l'investiture de Donald Trump à la Maison blanche, le gouvernement fédéral s'est retrouvé samedi officiellement à court d'argent, faute d'accord entre républicains et démocrates sur une prolongation des financements.

Plusieurs centaines de milliers d'agents fédéraux ont été de fait mis en congé d'office sans salaire, et des agences et institutions fédérales, dont l'emblématique statue de la Liberté à New York, ont été fermées.

Wall Street ne semble pas inquiète outre mesure par la situation puisque les futures sur le S&P 500 affichent une petite baisse de 0,1%. De son côté, le dollar est stable face à un panier de devises internationales.

"Les acteurs de marché (...) n'accordent pas trop d'attention au shutdown, qu'ils voient surtout comme une sorte de show politique", note Koji Fukaya, président de FPG Securities.

La Chambre des représentants avait adopté jeudi une proposition de loi visant à prolonger le financement du gouvernement fédéral jusqu'au 16 février, et éviter ainsi cette fermeture partielle, mais il a manqué dix voix au Sénat pour que le texte passe vendredi.

Dimanche, Donald Trump, fragilisé par ce revers, a suggéré en cas de poursuite du blocage de supprimer la règle de "super majorité" et de passer à la majorité simple. Mais cette option a été rejetée par Mitch McConnell et les républicains.

Côté républicain, on parle de "chantage" exercé par les démocrates sur la question des "Dreamers".

(Avec Ginger Gibson et Damon Darlin, Henri-Pierre André et Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Gilles Trequesser)