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Les droits de la Ligue 1 grimpent, Canal+ bredouille

par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) - La Ligue de football professionnel (LFP) a attribué mardi les droits de retransmission de la Ligue 1 de football entre 2020 et 2024 pour un montant record de 1,15 milliard d'euros par an dans le cadre d'une procédure dont Canal+, partenaire historique de la compétition, ressort bredouille.

L'appel d'offres consacre l'arrivée d'un nouvel acteur, le groupe de médias espagnol Mediapro, déjà détenteur des droits du championnat espagnol, qui rafle les lots principaux 1,2 et 4.

Canal+, diffuseur historique de la compétition qui constitue son principal produit d'appel, n'a obtenu aucun droit de retransmission. Le groupe de télévision payante, filiale de Vivendi, avait soumis des offres pour les sept lots mis aux enchères.

"Nous avons toujours dit que nous ne ferions pas de surenchère. Il ne serait pas raisonnable pour nous de payer des

montants que nos abonnés ne seraient pas prêts à supporter", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Maxime Saada, président du directoire de Canal+.

Les chaînes quataries beIN Sports, qui co-diffusent déjà le championnat français de football, ont obtenu un seul lot tandis qu'un autre pack a été attribué à l'opérateur Free (Iliad).

L'opérateur SFR, qui a récemment raflé une série de droits sportifs prestigieux dont la Premier League anglaise et la Ligue des Champions, n'a pas fait d'offre.

Deux lots, les 5 et 7, n'ont pas trouvé preneurs et seront attribués dans le cadre de discussions de gré à gré.

"L'appel d'offres a été un grand succès", s'est félicité le directeur général de la LFP Didier Quillot lors d'une conférence de presse.

En atteignant 1,15 milliard d'euros par saison, avant attribution des lots 5 et 7, le championnat signe une augmentation de 59% de ses droits par rapport aux précédentes enchères et revient au niveau des championnats allemand, espagnol et italien.

"UN TOURNANT"

"Cet appel à candidatures et son résultat confirment la dimension internationale du football français", a estimé Didier Quillot, notant que deux acteurs étrangers ont obtenu l'essentiel des droits dans un championnat dont les clubs avaient déjà bénéficié de l'arrivée d'investisseurs internationaux.

"Nous sommes très conscients que ce qui s'est passé aujourd'hui va représenter un tournant", a ajouté le dirigeant.

En autorisant pour la première fois la sous-licence de droits, la LFP a ouvert la voie à l'arrivée de nouveaux acteurs comme Mediapro, spécialisés dans la revente de droits sportifs.

L'espagnol, contrôlé par l'investisseur chinois Orient Hontai Capital, s'est imposé en quelques années comme un acteur majeur des droits sportifs, en raflant le championnat espagnol puis son équivalent italien mais l'attribution des droits de ce dernier a été contestée et annulée en justice.

La LFP assure pour sa part avoir attribué les droits dans le cadre d'une procédure transparente.

Mediapro s'est engagé dans son projet à créer une chaîne de télévision dédiée au sport. Rien ne l'empêche cependant de revendre une partie de ses droits.

Dans un communiqué, Canal+ a fait savoir qu'il "examinera(it) les possibilités de sous-licence qui sont prévues et autorisées par le règlement de l’appel d’offres".

Maxime Saada a confirmé que Canal+ examinerait toutes les options - y compris celle d'un recours juridique - soulignant toutefois qu'il entendait avant tout discuter avec les groupes ayant remporté des lots.

Le résultat des enchères constitue un coup dur supplémentaire pour la chaîne cryptée, qui avait déjà perdu la Premier League et la Ligue des Champions.

Le sport constitue l'un des principaux produits d'appel de ses offres et un contenu distinctif par rapport aux Netflix et consorts.

"Il y a une certitude c’est que Canal ne mourra pas d’avoir payé trop cher les droits sportifs comme la plupart de ses concurrents", a observé Maxime Saada, disant douter de la rentabilité d'un tel investissement pour Mediapro.

(Avec la contribution de Jean-Michel Bélot)